34 ans après la tenue de la Conférence des forces vives de la Nation, les langues se délient au niveau des acteurs clés de ce virage décisif de l’histoire du Bénin.
Après Séverin Adjovi qui à travers son livre, publié il y a quelques jours, invite au dialogue pour traverser les tumultes qui agitent actuellement le Bénin, c’est Ousmane Batoko qui est monté au créneau. Ce mercredi soir sur une chaîne de télévision de la place, le rapporteur du comité d’organisation de la conférence et ancien président de la Cour Suprême a mis l’accent sur le rôle historique qu’à joué le Feu Général Mathieu Kérékou dont le oui ou le non par rapport aux recommandations de la conférence aurait changé le cours de l’histoire de notre pays. Fort heureusement, le caméléon a eu la grandeur d’esprit de tuer son égo et ses intérêts personnels au profit de l’intérêt général. Pour Ousmane Batoko, ce qu’il faut retenir d’essentiel de la conférence après des décennies de vie politique unipolaire, c’est la liberté dans tous les sens du terme à savoir la liberté de mouvement, la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté de pensée. Selon l’ancien président de la Cour suprême, au lendemain de la conférence, les béninois avaient obtenu l’autorisation de critiquer les dirigeants en sus du multipartisme intégral et du libéralisme économique.
Malheureusement, 34 ans après, en dépit des efforts faits par les régimes successifs, les acquis de cette conférence n’ont pas ete sauvegardés par les principaux acteurs de la vie politique, selon Ousmane Batoko.
Avec le temps, le libertés se sont effritées, déplore-t-il. Il regrette également que des acteurs politiques parlent de liberté alors qu’au fond d’eux mêmes, ils savent qu’ils posent des actes allant à l’encontre des libertés. Jusque là, les propos de l’ancien président de la Cour Suprême peuvent paraître ambigus. Mais c’est lorsqu’il a abordé le cas des prisonniers et exilés politiques d’aujourd’hui que Ousmane Batoko s’est fait on ne peut plus clair. L’homme s’adresse bien à Patrice Talon.
Mieux, il trouve que l’argument selon lequel les exilés seraient en conflit avec la loi n’est qu’un faux alibi. « Nous savons tous pourquoi la plupart de ceux qui sont au dehors se sont exilés » a martelé Ousmane Batoko. Pour lui, la situation actuelle des libertés est un boulet qui reste en travers de la gorge de tous ceux qui ont participé à cette conférence historique. Personne ne peut se satisfaire de ce qui se passe aujourd’hui, indique-t-il.
Toutefois l’homme reste optimiste car la conférence nationale a fait naître en chaque béninois, un ADN de la démocratie. Pour finir, Ousmane Batoko a lâché un « il y aura toujours un demain » qui devrait faire réfléchir tout chef d’Etat.
M.M