L’Institut des artisans de justice et de paix (Iajp) en partenariat avec Coris Bank International a organisé, jeudi 15 février 2024, un débat sous forme de panel. Sous le thème : La coopération sous-régionale et les problèmes du terrorisme et d’insécurité au Bénin », il est animé par Nassirou Bako Arifari, ancien ministre des affaires étrangères et député à l’Assemblée nationale, Célestin Hounsou, député à l’Assemblée nationale du Bénin et Rogatien Biaou, ancien Ambassadeur et Ancien Ministre des Affaires Etrangères du Bénin, sous la modération du journaliste émérite Gérard Migan. C’était au Chant d’oiseau à Cotonou.

 

Dans un débat très riche et bien animé, les panélistes ont dressé le bilan de la coopération sous régionale, des années 60 à nos jours et ont, par la suite, évoqué les défis sécuritaires dans la sous-région ouest africaine.

Dans son intervention, le député Arifari Bako a évoqué les axes ayant marqué la coopération sous régionale dans l’espace ouest africain, notamment idéologique, avec le rapprochement de certains pays anti-impérialistes, tels que la Guinée de Sékou Touré, le Ghana de Kwame Nkrumah et le Mali de Modibo Keita et la continuité, avec des pays qui s’étaient inscrits dans la logique de l’ex puissance coloniale, notamment, les pays membres du Conseil de l’entente.

Si l’orateur déplore des années 60 au début des années 70, le manque de coordination dans les positions face aux crises sécuritaires sous régionales, il reconnaît qu’avec l’avènement de la Cedeao en 1975, on a assisté à la restructuration de la coopération avec la disparition des conflits inter étatiques et le règlement des différentes crises intérieures aux États, sous forme de guerre civile au Libéria, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire, par la création de l’Ecomog, sur initiative du Nigéria avant l’intervention des Nations unies. Puis jusqu’aux années 2010, on assiste à la démocratisation, et à la mise en place des organisations de la coopération sécuritaire en raison des crises post-électorales, source de déstabilisation.

Selon son développement, dans les années 2010, 2011, 2012, le déficit de leadership, dans la sous-région a donné lieu à la reprise de leadership par le Burkina Faso, sous le président Blaise Compaoré, mais dans une logique de manipulation et d’influence liées à ce pays, où les pyromanes étaient en même temps des sapeurs-pompiers.

Dans la même perspective, l’ancien ministre Rogatien Biaou a évoqué la création du Conseil de l’entente dès 1959 et après les indépendances, la création de l’Union africaine et malgache (Uam) qui a dépassé les frontières ouest africaines et qui s’est transformée plus tard en organisation commune de coopération africaine et malgache (Ocam).  Au plan sous régional, il a signalé la création de la Communauté économique de l’Afrique de l’ouest (Ceao), puis de la Cedeao en 1975.  Cependant, signale l’ancien ministre, les domaines économique et financier dans l’Afrique de l’ouest étaient marqués par une dichotomie tant les francophones en soumission à leur ancienne puissance coloniale, partagent la même monnaie, alors que chaque pays anglophone dispose de la sienne.    Les démarches étaient entreprises en vue de la création d’une monnaie commune au sein des pays anglophones puis au niveau de la sous-région. Le débat reste d’actualité avec l’Eco, renseigne-t-il.

 Restructuration

Selon le député Célestin Hounsou, les organisations sous régionales de nos jours ne jouent plus leur crédibilité, mais plutôt leur existence. L’une des raisons résiderait dans les vestiges de la colonisation et les organisations sont parfois des appendices du colonisateur.  Ce que dénonceraient les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel, par leur retrait de la Cedeao. Il exhorte à la restructuration de ces organisations.  Tout ceci découle, selon Arifari Bako, du manque de leadership dans la sous-région et de solidarité sécuritaire, avec le refus de certains pays, notamment côtiers, d’assumer leur « sacrifice de sang », pour soutenir les pays en difficulté dans la Sahel. Ce qui a donné lieu à de petites organisations qui ont pris la relève, avec pour corollaire, la résurgence du terrorisme. Rogatien Biaou renchérit en affirmant que  l’Ecomog née dans le cadre de la Cedeao, n’est intervenue que dans les pays côtiers. Et, poursuit-il, la relève a été prise par les pays de l’Union européenne et les Nations Unies, avec la création du G5 Sahel.  Seulement reconnaît-il le G5 Sahel n’est pas resté dans la même dynamique que l’Ecomog. D’où le retrait des pays tels que le Burkina Faso, le Mali et le Niger se sentant sous l’emprise des pays de l’Union européenne et de l’Otan.

Célestin Hounsou exhorte les dirigeants de la Cedeao à se pencher plutôt sur les problèmes de gouvernance interne, causes de ces coups d’État, mais également de la résurgence du terrorisme avec le recrutement des jeunes désœuvrés.

 Si Arifari Bako reconnaît que les sanctions appliquées contre lesdits pays sont contenues dans  des  dispositions de la Cedeao, notamment le protocole additionnel de le Cedeao portant sanctions contre les Etats contrevenant aux dispositions du traité révisé de la Cedeao et autres adoptées en février 2012, il déplore cependant le mécanisme de mise en œuvre de ces sanctions qui, pour le cas du Niger, ont été « massives, globales et immédiates », notamment la fermeture des frontières, l’intervention militaire qui tel que brandie, est source de crispation et n’a pas facilité la résolution des problèmes, puis la collusion entre l’Uemoa la Cedeao qui disposent parfois des textes et des statuts divergents.  Rogatien Biaou et Célestin Hounsou demandent l’application des sanctions aux auteurs aussi bien des coups d’État militaire que constitutionnel.

À l’entame, le Père Directeur de l’Institut, Arnaud Éric Aguénounon a pris l’engagement au nom de son institut, de susciter le débat, en vue des mesures idoines pour la sécurité dans la sous-région.

Thomas AZANMASSO

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