La loi sur le parrainage a été instituée avec la réforme du système partisan. A l’article 132 du Code électoral, on lit : « Nul ne peut être candidat aux fonctions de président de la République ou de vice-président de la République s’il n’est dûment parrainé par un nombre de députés et/ou de maires correspondant à au moins 10% de l’ensemble des députés et des maires ». En aucun cas, il n’a été mentionné quelque part que les députés et maires devraient délivrer leur parrainage au duo présidentiel contre une quelconque rétribution. Pourquoi alors, on a cette impression que le parrainage est une affaire de gros sous ?

Des propos du chef de l’Etat, quand il était face à la presse, jeudi 08 février 2024, on comprend que la principale motivation derrière la proposition de loi de révision de la Constitution, c’est que les députés de la 9e législature veulent que ce soient eux qui délivrent les parrainages à la Présidentielle 2026 et non ceux qui seront élus en 2026. C’est pour cela que dans la proposition de Assan Séibou, l’élection présidentielle, qui devrait se tenir en avril, est ramenée en février ( le 1er tour, le 1er dimanche du mois de février 2026 et le second tour le 4e dimanche du même mois).

Dans ce cas, les élections couplées communales et législatives, qui devraient se tenir en janvier, sont renvoyées au mois de mai. Dans un tel cas de figure, le problème de parrainage que pose la décision de la Cour constitutionnelle est résolu. Ce sont les députés et maires actuels qui vont délivrer le parrainage. Plutôt donc que de régler le problème dans le Code électoral en accordant la légalité de parrainage aux députés et maires qui seront élus en 2026, les députés de la majorité présidentielle préfèrent réviser la Constitution afin de se donner l’avantage de parrainer les candidats à la présidentielle de 2026, même si cela implique que le mandat du chef de l’Etat actuel soit écourté de 2 mois.

En tout cas, c’est ce qu’ils tentent de faire croire. Dès lors, si on s’en tient à cet argumentaire, si on croit naïvement que Patrice Talon va accepter écourter son mandat juste pour faire plaisir à ses députés, on est alors en droit de se demander ce que peut leur procurer comme avantage le parrainage, au point de vouloir réviser la Constitution pour ça. Quel est l’intérêt pour un député d’accorder son parrainage à un candidat à la Présidentielle ?

Soupçon de gros sous…

Lors du procès de l’opposante en prison Reckya Madougou, une affaire de 70 millions a éclaboussé certains députés d’alors. Ils auraient empoché 70 millions FCFA pour accorder leur parrainage à la candidate du parti Les Démocrates pour la présidentielle de 2021, le parti d’opposition ne disposant pas d’élus au Parlement, ni dans les mairies en ce moment. Déjà à cette époque, on soupçonnait un trafic de gros sous derrière les tractations conduisant à l’obtention des parrainages, dans le cadre de l’élection présidentielle. Le fait que les députés de la majorité parlementaire veulent coûte que coûte se donner le privilège d’être ceux qui devront parrainer en 2026, au point de vouloir réviser, juste pour cela, la Constitution, on se demande si ce n’est pas une affaire de pièces sonnantes et trébuchantes qui en est la motivation ? Surtout pour ceux d’entre eux qui ne sont pas certains d’être positionnés, ou même d’être élus en 2026 ?

M.M

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