Malgré les réformes amorcées dans l’enseignement supérieur au Bénin, des universités privées installées au Bénin continuent de délivrer de diplômes « douteux » aux étudiants nigérians. Une université privée notamment l’Ecole supérieure de gestion et de technologie (Esgt) basée à Cotonou, se retrouve au cœur d’un scandale suite à une investigation d’un média nigérian.
Selon cette enquête journaliste réalisée par Daily nigérian, l’Esgt a délivré un diplôme universitaire en six semaines au journaliste nigérian, auteur de l’enquête. Chose curieuse, ce dernier révèle avoir obtenu le diplôme sans avoir franchi la frontière béninoise, c’est-à-dire sans avoir suivi de cours au sein de cette université privée basée à Cotonou. « En décembre 2022, notre journaliste a contacté un syndicat de racket spécialisé dans la vente des fameux diplômes des pays voisins à des acheteurs volontaires à un « tarif abordable ». L’agent a cependant donné à notre journaliste la possibilité d’« étudier » pendant un an ou un mois, mais il a opté pour l’option du mois.
« Ce n’est pas un problème ; nous pouvons aider. Si l’argent est prêt, nous pouvons vous aider. Nous l’avons fait pour beaucoup de gens. Si vous effectuez le paiement maintenant, les résultats seront prêts le mois prochain », a-t-il assuré…L’agent a donné au journaliste le détail du montant à payer, qui comprenait les frais de scolarité, une lettre d’évaluation, un permis de séjour, les timbres d’immigration au poste frontière et le transport. Le 27 décembre 2022, notre journaliste a effectué le paiement et a reçu un reçu de paiement.
Fidèle aux propos de l’agent, le certificat et le relevé de notes de l’Ecole Supérieure de Gestion et de Technologies, ESGT, Cotonou, République du Bénin, ont été remis à son bureau le 17 février 2023. La transcription indique que ce journaliste a commencé ses études en 2018 et a obtenu son diplôme le 5 septembre 2022…Avant cela, ce journaliste n’avait jamais reçu de lettre d’admission ni n’avait connaissance de l’école que l’agent s’occupait pour lui. Tout ce que l’agent a dit, c’est : « ne vous inquiétez pas, tout sera réglé ». Comme par miracle, notre journaliste a « terminé » le programme d’études de quatre ans en moins de deux mois sans candidature, inscription, études, examens ni franchissement de la frontière nigériane » relate le média nigérian dans sa publication.
Selon le média, l’Ecole est pourtant entièrement accréditée par les gouvernements de la République du Bénin et du Nigeria. « Il a été constaté que les agents de racket au Nigeria travaillent main dans la main avec la haute direction du campus universitaire de Cotonou, dont le greffier et le coordinateur de la section anglaise sont nigérians » lit-on également. Une enquête journalistique à l’origine d’une décision gouvernementale.
Suspension des diplômes universitaires délivrés au Bénin et au Togo…
Suite à ces révélations du média nigérian, le gouvernement du Nigeria, par le biais du ministère de l’Éducation, a pris la décision de suspendre l’évaluation et l’accréditation des diplômes universitaires délivrés au Bénin et au Togo, dans l’attente des résultats d’une enquête impliquant les ministères responsables de l’Éducation des trois pays. Ainsi, les diplômes universitaires délivrés au Benin et au Togo ne seront plus reconnus par le Nigeria, en attendant des enquêtes. Ainsi en a décidé le pouvoir fédéral, au travers d’une mesure rendue publique en date du mardi 2 janvier. « Ce rapport donne du crédit aux soupçons selon lesquels certains Nigérians emploient des moyens néfastes et des méthodes inadmissibles pour obtenir un diplôme dans le but final d’obtenir des opportunités d’emploi pour lesquelles ils ne sont pas qualifiés », justifie la note gouvernementale. L’intégralité de l’enquête est accessible via ce lien https://dailynigerian.com/undercover-how-daily-nigerian/
A.B