Les velléités révisionnistes de la Constitution ne font plus l’ombre d’aucun doute au Bénin. Connu pour être pourtant un sujet hautement sensible aux yeux de tous les béninois, il n’est curieusement que porté, depuis qu’il se susurre, par la seule voix du Président de l’Assemblée nationale et faisant ainsi croire que tout a germé de là.
Parviendra-t-elle à être révisée pour une deuxième fois ? Même si nul ne peut encore l’affirmer ou l’infirmer, il y a une évidence de mise. C’est que l’idée de réviser à nouveau la Constitution brûle la mouvance au pouvoir. À la manœuvre, Louis Vlavonou. Président de l’Assemblée nationale, il ne s’en cache plus. Après avoir jeté les premiers dés de cette idée de révision lors de son discours d’investiture au parlement le 13 avril 2023 en mentionnant que dans un esprit de concertation, ils pourraient courageusement envisager d’apporter des ajustements à la Constitution, il revient à nouveau à la charge avec d’autres détails. « Nous, en tant que représentants de la nation tout entière, formons une institution de la République. Nous agissons comme une assemblée constituante, car ce qui est débattu et réalisé ici dépasse nos simples personnes. Il s’agit d’une refonte totale, c’est tout le système qui est en jeu », a-t-il encore déclaré ce 22 décembre 2023, lors d’une séance de concertation avec les Présidents d’institutions et le Ministre de la justice.
Avec cette nouvelle déclaration qui enflamme la toile et qui interpelle toute la classe politique béninoise, l’exécutif semble être désintéressé. En premier ressort, le Chef de l’État. Alors qu’il a eu le temps de faire deux sorties que sont un discours sur l’Etat de la nation et un entretien, il est resté étranger au sujet. À cette allure, l’on croirait que si cette deuxième révision après celle de 2019 venait effectivement à voir le jour, elle sera l’émanation des députés et non un projet piloté par l’exécutif.
Même si le Parlement en a les prérogatives, il s’agit ici de la Constitution et de surcroît, à deux ans de la fin du régime. Elle devrait en amont, si rien n’est caché au peuple, être discutée dans l’état major des partis politiques avec les détails nécessaires qu’il faut. Mais laisser ainsi la paternité d’une telle initiative au Président de l’Assemblée nationale qui se débat avec des mots pas forcément qu’il faut, c’est faire douter davantage les citoyens sur ses réels mobiles. Ceci, à juste titre d’ailleurs quand on sait que l’exécutif n’a souvent pas assumé la paternité des initiatives crisogènes comme le certificat de conformé en 2019 ayant causé autant de morts lors des législatives.
J.G