En visite à la Martinique, les dernières déclarations de Patrice Talon ont fait réagi Souleyman Arouna. Dans une certaine mesure, ce Béninois de la diaspora est d’accord avec le chef de l’Etat mais, d’un autre côté, il trouve beaucoup de limites à l’assertion selon laquelle : « Les rancœurs les plus légitimes ne doivent pas nous enchaîner au passé ».

 

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Mon cher Président, son Excellence Monsieur Patrice Talon, permettez-moi en toute humilité d’être en accord et en désaccord avec vous par rapport à votre assertion ci-dessous !

« Les rancœurs les plus légitimes ne doivent pas nous enchaîner au passé »

Pourquoi suis-je d’accord Monsieur le Président ?

Qui vit dans le passé n’avance pas ne change pas, n’avance pas et l’innove point ! Généralement parlant c’est une vision partagée et c’est du classique.

Tourner la page, balancer son passé et foncer vers l’avant pour vivre ta propre vie, celle qui te fait envie, celle dont tu as toujours rêvé.

Sans fouiller dans ton histoire ni pseudo-analyser quoi que ce soit relève du personnel, je veux dire Monsieur le Président, relève d’une démarche voire une conception purement individuelle et est liée au fait au mental et à la psychologie de l’individu et non de toute une nation, ou d’un peuple ! Et j’y suis d’accord avec vous pris sur cet angle physiologique, personnel et individuel.

Pourquoi je suis donc en désaccord avec vous sur cette assertion ?

Monsieur le Président, il y a un adage qui dit d’apprendre du passé pour mieux bâtir l’avenir ! Et je vous rappelle qu’il s’agit dans ce contexte d’un pays, d’une nation, d’une République et d’un continent l’Afrique en général ! Du coup, la vision n’est plus personnelle mais nationale, républicaine et africaine ! La dynamique n’est plus la même comme dans le cas d’une cicatrice individuelle. Cette cicatrice transcende le national et devient internationale. Cette communauté internationale reconnaît d’ailleurs qu’il s’agit d’un crime contre l’humanité cet esclavage, ce colonialisme et ce néocolonialisme qui ont décimé et déshumanisé nos nations africaines. Le   passé ne peut pas être changé, oublié ou effacé. Cependant, les leçons apprises peuvent nous préparer à un avenir meilleur. C’est quelque chose qui semble très difficile à apprendre et à vivre. Si nous regardons en arrière à travers les fantômes des événements passés, nous voyons souvent qu’ils se répètent tout au long de l’histoire humaine. Et c’est ce qui se passe en ce moment dans nos nations africaines et c’est la justification de ce printemps panafricain qui souffle sur l’Afrique francophone en particulier ! C’est la réactivation du néocolonialisme sous une autre forme qui s’opère, Monsieur le Président ! Par conséquent, c’est la réactivation de ce passé lugubre qu’a connu nos nations qui se répète et s’oppose à votre assertion dans « Jeune Afrique ». Pour illustrer, nous continuons à nous faire la guerre comme dans le passé à nous battre les uns contre les autres à chaque occasion. Mais toutes ces leçons du passé ne font qu’attendre que nous en tirions des leçons, tout ce que nous avons à faire, c’est regarder en arrière et nous en souvenir, apprendre d’eux, les dénoncer, dénoncer les responsables et exiger de ces coupables des réparations comme ce fut le plan Marshall exigé par l’Europe après la première guerre mondiale et la réparation faite aux juifs après la seconde guerre mondiale ! Ont-ils   dédommagé l’Afrique pour leur responsabilité pour l’esclavage et la colonisation en Afrique ?

Excellence Monsieur le Président,

Pour conclure ma missive, je vous justifie l’impact positif que produit cet accrochage au passé. Mieux l’impact économique que traduit ce réflexe et ce droit légitime à faire recours au passé à œuvrer aujourd’hui à développer ces nations jadis décimées comme ce fut le cas des nations africaines !

L’Allemagne de l’Ouest a versé des réparations à Israël et au Congrès juif mondial pour les biens juifs confisqués en vertu des lois de Nuremberg, le travail forcé et les persécutions. Israël a employé les réparations pour bâtir son industrie et absorber des centaines de milliers d’immigrants venus d’Europe, de l’Afrique du Nord et d’Asie. La part de la somme, à l’époque, astronomique, qui avait été perçue par le CJM la confédération des musées juifs. Une grande partie fut investie dans le musée national juif américain de New-York où siège le CJM, dans des écoles juives et servit aussi à créer bien d’autres associations de défense juives.

Dans l’espoir de considérer cette missive numérique comme une contribution citoyenne d’un citoyen béninois d’origine, je vous prie Monsieur le Président, de recevoir l’expression de mes sentiments distingués.

Souleyman Arouna

Washington DC , USA

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