L’institut national des artisans de justice et de paix (IAJP) du chant d’oiseau a organisé, les vendredi 1er et samedi 2 décembre derniers, son symposium 2023. C’est une tradition annuelle, et une fois encore elle a été respectée. Autour du thème : « Droits socio-économiques en démocratie et respect du bien public », les travaux ont connu la participation de personnalités politiques, de la société civile, d’universitaires, d’étudiants, d’évêques, de prêtres et de sœurs venus de différentes régions du Bénin.
C’est après la messe dite un peu plus tôt dans la chapelle Notre-Dame du Chant d’oiseau que le symposium a démarré. « Avec l’orientation de ce symposium, nous ambitionnons de redéfinir la synergie du lien qui doit exister entre le droit, la démocratie, la société et le bien public. Cela est d’autant plus nécessaire que les droits socioéconomiques pris dans toute leur essence, au cœur du système démocratique, sont les racines nourricières assurant à chaque citoyen les plus beaux fruits du bien public », a déclaré Aristide Gonsallo Evêque de Porto-Nono, Vice-président de la conférence épiscopale du Bénin et président de la commission justice et paix au sein de la Ceb. A sa suite, le Père Directeur de l’IAJP, Abbé Eric Aguénounon, a souligné dans son discours que ce symposium constitue un grand plaidoyer pour une démocratie à visage humain.
« Je voudrais nous convier, dans la perspective de ce temps de réflexion, à focaliser notre attention sur l’importance des matériaux juridiques qui structurent la société démocratique et permettent aux acteurs sociopolitiques d’être d’honnêtes protagonistes du déploiement d’une démocratisation à visage humain. Si le capitalisme est fonctionnellement lié aux structures démocratiques, il revient à l’armature des droits socioéconomiques dans leur production et manifestation de concilier capitalisme prudent et démocratie afin que le premier ne soit pas violent et que le second soit à visage humain », préconise-t-il. Le Directeur de l’IAJP s’est voulu on ne peut plus clair : « Ainsi, un régime démocratique ne peut que favoriser l’épanouissement de l’individu en promouvant pour chaque citoyen en âge de travailler, une économie propice à la création de nombreux emplois stables et une société de justice, de paix pour une vie digne et paisible. Dans le cas d’espèce de notre pays, il convient de poursuivre tous les efforts aidant à la fluidité de l’économie, à l’instauration progressive et durable d’un système socio sanitaire permettant, proportionnellement aux revenus et aux charges, d’assurer à la plus grande partie de la population les besoins les plus fondamentaux ». Tout en établissant par ailleurs un lien entre le déploiement des droits socioéconomiques et le bien public, il estime que « ce rapport devrait encourager l’entretien concret et le respect du bien commun ». S’investissant depuis plusieurs décennies dans le dialogue politique et la promotion de la démocratie au Bénin, la Konrad Adenauer Stiftung est partenaire de l’Institut des artisans de justice et de paix du chant d’oiseau (IAJP/CO) notamment du symposium.
Ainsi, au nom de Stefanie Brinkel, Représentante résidente du Bureau régional de la KAS à Abidjan, Kevin Anvo chargé de programme en Afrique de l’ouest de la KAS, s’est « réjoui du partenariat de collaboration fructueuse de longue date et très constant avec l’IAJP qui conduit régulièrement à faciliter ce type de rencontre et de plateforme de réflexions sur des défis prégnants de notre société ». Dans son propos, il a exprimé la gratitude de la Fondation Konrad Adenauer pour la confiance et l’intérêt continu que l’Institut lui accorde en l’associant régulièrement à ses activités. « Nous restons convaincus qu’en multipliant ainsi des plateformes de dialogue permanent entre les acteurs locaux et toutes les parties prenantes, nous apporterons ensemble une modeste contribution à l’architecture d’éveil de la conscience citoyenne, au renforcement de l’Etat de droit de nos pays, à la promotion des libertés fondamentales et à la protection des droits humains, ainsi qu’à la construction d’une paix sociale pérenne et d’un développement communautaire durable », a confié le représentant de la KAS.
Il faut souligner que ce symposium de fin d’année vient mettre fin aux conférences scientifiques qu’organise l’IAJP le long de l’année. « Dans cet élan, la marche engagée par l’IAJP/Co arrive inexorablement à destination, après avoir cherché durant neuf mois, le temps de la maturité de la naissance, à promouvoir une démocratie au service du développement dans le respect des droits humains et la consolidation de la paix », a laissé entendre Mgr Aristide Gonsallo.
Les travaux du symposium
Le symposium, c’était d’intenses activités de réflexions scientifiques faites de communications suivies de débats. A partir du thème principal, les participants ont échangé, la première journée, sur quatre communications dont la première, intitulée « La question des droits humains et la problématique du développement économique au Bénin » a été présentée par Kafui Thiermo Eméric Olory Togbé, conseiller technique du ministre d’Etat en charge de l’Economie, des finances et de la coopération. La deuxième sur « Impact du respect des droits socioéconomiques sur la cité : entre la création de la richesse par l’Etat et la prospérité des entreprises », a été l’œuvre du Pr Maxime Hounyovi, Agrégé es-sciences de gestion à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). L’Abbé Arnaud Eric Aguénounon, Ecrivain, Philosophe politique, Directeur de l’IAJP et le Pr Barnabé Gbago, Enseignant de droit à la Faculté de droit à l’Uac, quant à eux, ont exposé respectivement sur « Respect des droits socioéconomiques en contexte démocratique au Bénin : mythe ou réalité ? » et « Cas des non respects des droits socioéconomiques en contexte démocratique au Bénin : un recul démocratique ou une atteinte aux acquis démocratiques ? ». Le Jour 2, samedi 2 décembre a été meublé par un panel animé par le Révérend père Hervé da Silva, les Professeurs Fabien Hounyovi et Marie Odile Attanasso sur le thème : « Promotion des droits socioéconomiques : un atout majeur de développement ? ». Les travaux qui se sont déroulés au chant d’oiseau à Cotonou ont pris fin par l’appel de l’IAJP, une déclaration lue par l’Abbé Eric Aguénounon.
JB