Le 8e rapport annuel du Lancet Countdown on Health and Climate Change, publié ce 15 novembre 2023 à Genève en Suisse, a mis en lumière la convergence alarmante de facteurs qui mettent en danger le bien-être des individus, la santé publique et les systèmes de santé à l’échelle mondiale. La publication du rapport intervient à un moment où le monde est confronté à une réalité intimidante alors que la crise climatique occupe le devant de la scène.

 

La crise climatique se manifeste de différentes manières, notamment par l’exacerbation de l’insécurité alimentaire, la prolifération de maladies sensibles au climat et la fréquence et l’intensité croissantes des événements météorologiques extrêmes.  Ces facteurs combinés exercent des pressions sans précédent sur les systèmes de santé mondiaux, exigeant une action immédiate et globale.

 Le rapport du Lancet Countdown révèle que les impacts du changement climatique sur la santé se font sentir partout dans le monde, entraînant des conséquences dévastatrices sur les vies et les moyens de subsistance.  Les adultes de plus de 65 ans et les nourrissons de moins d’un an, particulièrement vulnérables à la chaleur extrême, connaissent désormais deux fois plus de jours de canicule par an qu’ils n’en auraient eu en 1986-2005.  Le caractère destructeur croissant des phénomènes météorologiques extrêmes met en péril la sécurité de l’eau et la production alimentaire, exposant des millions de personnes au risque de malnutrition.  Les statistiques alarmantes de vagues de chaleur et de sécheresses plus fréquentes ont fait que 127 millions de personnes supplémentaires ont été confrontées à une insécurité alimentaire modérée à sévère dans 122 pays en 2021, par rapport aux chiffres annuels observés entre 1981 et 2010.

De même, le changement climatique accélère la propagation de maladies infectieuses potentiellement mortelles.  Par exemple, les mers plus chaudes ont augmenté de 329 km chaque année depuis 1982 la superficie du littoral mondial propice à la propagation de la bactérie Vibrio, qui peut causer des maladies et la mort chez l’homme, exposant un nombre record de 1,4 milliard de personnes à un risque de maladie diarrhéique, grave, infections des plaies et septicémie.

Corriger le tir

Si l’urgence des menaces sanitaires actuelles est évidente, elle sert également d’avertissement face aux dangers qui se profilent à l’horizon.  Comme le souligne le rapport, le monde va dans la mauvaise direction, en continuant à dépendre des combustibles fossiles et en laissant de côté les communautés les plus vulnérables dans la transition essentielle vers des sources d’énergie durables. La mise en œuvre de l’Accord de Paris constitue non seulement un impératif mondial pour l’environnement, mais aussi une nécessité cruciale de santé publique.  Ne pas prendre de mesures significatives pour atteindre l’objectif de 1,5°C de l’Accord entraînera de graves conséquences pour l’humanité et sa santé.  De plus en plus d’enfants souffriront de malnutrition, les épidémies deviendront plus fréquentes et plus répandues et les décès dus aux maladies respiratoires continueront d’augmenter.  « Le choix est clair : nous devons agir maintenant », recommande le rapport.

Agir

Selon le rapport, une approche holistique et centrée sur la santé est nécessaire pour faire face à la crise climatique.  Une action climatique centrée sur la santé a le potentiel de sauver des millions de vies chaque année et de promouvoir l’équité en santé.  À la base, cette approche défend le droit humain à la santé, étroitement lié au droit à un environnement propre, sain et durable.

Exhortation

L’OMS soutient fermement l’appel à l’action présenté dans le rapport du Lancet Countdown.  Il est impératif de renforcer la résilience climatique tout en défendant des voies à faibles émissions de carbone et durables.  « Pour transformer les crises actuelles, nous devons investir dans des systèmes de santé, d’alimentation, d’eau et d’assainissement durables et résilients au climat, accessibles à tous », exhorte l’organisation.

 L’OMS exhorte les gouvernements à ouvrir la voie à une élimination juste, équitable et rapide des combustibles fossiles, en passant à des sources d’énergie propres et renouvelables.  Cette transition « atténuera non seulement le changement climatique, mais améliorera également la qualité de l’air pour 99 % de la population mondiale, réduisant ainsi les effets néfastes de la pollution atmosphérique ».

 Alors que la 28e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques approche le mois prochain aux Émirats arabes unis, l’OMS invite toutes les nations à placer la santé au centre de l’action climatique internationale.  « Nous devons travailler ensemble pour garantir un avenir prospère pour tous, en mettant l’accent sur la protection de la santé et du bien-être des générations présentes et futures », suggère le rapport.

 

Thomas AZANMASSO avec l’OMS

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