« Vous pouvez changer l’histoire de douleur actuelle… », plaide un Béninois de la diaspora
A propos de la situation de certains citoyens béninois en prison et d’autres contraints à l’exil, un compatriote vivant à l’étranger, à travers une lettre ouverte, fait un plaidoyer en direction de quatre artistes de renommée internationale, tous des Béninois.
Lettre ouverte aux artistes béninois :
– Angélique Kidjo
– Danialou Sagbohan
– Djimon Houssou
– Tola Koukoui
Une quête pour restaurer la paix et les libertés !
Je m’engage à un exercice difficile sans avoir, peut-être, les qualités et l’autorité requises. Mais je suis sûr d’une chose : il reviendra aux artistes talentueux à qui est adressé mon présent plaidoyer et aux citoyens béninois de me donner crédit de cette aventure solitaire.
Qui suis-je d’ailleurs pour adresser cette lettre de plaidoyer à quelques artistes contemporains modèles, dans leur domaine d’activité ? Un célèbre anonyme.
Vous vous demandez peut-être pourquoi vous. C’est parce que comme Martin Luther King, j’ai fait un rêve. Ce rêve me fait croire que la solution passerait peut-être par vous. En tant que personnalités de référence, la providence dans son dessein insondable vous a concédés, devant l’histoire la lourde responsabilité de chercher les voies et moyens par vos talents extraordinaires pour donner la joie et l’espoir à vos semblables. De tracer les autoroutes de vivre ensemble, de répondre aux tristesses et aux angoisses des personnes surtout de tous ceux et celles qui souffrent dans notre pays.
Je ne prétends pas réécrire l’histoire et de créer l’évènement. Je me suis engagé à la présente entreprise juste en me basant sur le fait que le rôle de l’artiste est d’être aux côtés « de ceux qui subissent l’histoire »., comme Albert Camus l’a dit dans son discours de réception de prix Nobel et aussi dans le non moins célèbre « J’accuse » d’Émile Zola,
Nous venons de fêter les 63 ans de notre accession à l’indépendance le 1er 2023 dans un climat sociopolitique morose. Alors que certains de nos compatriotes sont réunis autour des gâteaux ou ont participé à des concerts ou soirées de gala, nombreux sont nos compatriotes enfermés dans des prisons, contraints à la clandestinité ou à l’exil. Non pas, parce qu’ils ont tué, volé ou violé, mais pour des accusations pour lesquelles, depuis des années, l’État n’a été en mesure d’apporter le moindre début de preuves. Nous faisons un grand tort à ce pays en assimilant par exemple l’emprisonnement de jeunes étudiants depuis trois ans sans procès à des questions politiques. Nous ne pouvons pas continuer à faire semblant que tout va bien au Bénin.
Le professeur Albert Tévoèdjrè, dans son discours historique de clôture de la Conférence des Forces Vives de la Nation nous a rappelé à juste titre que notre peuple, le peuple noir, a subi les affres de l’esclavage et qu’il a déjà tant souffert pour qu’aujourd’hui, entre nous, fils du même pays, les plus forts du pays puissent embastiller les plus faibles du moment.
En effet, il existe un mal-être au Bénin aujourd’hui. Ce mal-être du Béninois, affecte le peuple sur qui s’exerce le pouvoir d’État. Si certains se décident à dire publiquement ce malaise, par contre d’autres citoyens, la majorité, ont carrément peur de l’exprimer par crainte d’être mis au banc des accusés par la justice répressive à l’égard des opposants politiques.
Vous et moi ne vivons pas ce mal-être, car nous jouissons encore de notre entière liberté de parole et de mouvement, vaquant à nos occupations et profitons dans nos maisons, au quotidien de l’amour de nos proches. Il serait superflu de vous rappeler que les Béninois qui sont en prison ou en prison pour des raisons politiques depuis des années n’ont pas ce privilège.
Je ne suis pas dans le secret des dieux pour savoir les efforts individuels ou collectifs que vous faites pour redonner à ce pays son âme, mais j’estime qu’il est indispensable, il est de votre devoir, de votre position de femmes et d’hommes indépendants apolitiques, d’amplifier ses efforts afin de laisser à l’histoire, et dans vos mémoires, ce que vous avez fait pour soigner le vivre-ensemble et la concorde nationale.
Vous pouvez changer l’histoire de douleur actuelle en une belle histoire de bonheur futur.
C’était l’objet de mon plaidoyer. Ma voix est inaudible. Mais la vôtre sonne au-delà des océans en raison de vos talents et prestigieux palmarès. Vous avez de quoi redonner à ce pays les biens les plus précieux qu’il vous a donnés, le peuple vous en serait reconnaissant.
Jules Djossou, enseignant au Canada