Autorisé par la justice fin janvier 2019 pour aller suivre les soins à l’extérieur, alors qu’il était en prison sous le coup d’une condamnation, Mohamed Atao Hinnouho, ancien député à l’Assemblée nationale et ancien Président du Parti Reso-Atao est de retour au bercail depuis le jeudi 27 juillet 2023. Il a foulé le sol béninois, non pas incognito mais en fanfare. Sur l’aire de jeux de Midombo à Akpakpa dans le 3ème arrondissement de Cotonou, c’était la liesse populaire.

 

Pour la plupart, ces fans, proches et amis étaient vêtus du pagne choisi pour la circonstance. « Gloire à Dieu ! Chères populations, je sais que depuis que je vous ai laissé, vous êtes nombreux à demander de mes nouvelles. Je suis content de l’initiative que vous avez prise. Je suis heureux de vous revoir et de vous saluer avant de rentrer chez moi. Je suis venu vous saluer parce que je ne veux pas raser les murs avant de rentrer chez moi… », lâche Atao Hinnouho qui poursuit : « Si je rentre au pays et que je ne viens pas m’exprimer devant vous, plusieurs parmi vous diront Atao est revenu au pays en fauteuil roulant. Je sais que quand les gens ont dit que Atao est mort ou malade, il y a eu plusieurs parmi vous qui n’ont pas dormi. Je ne voulais pas rentrer à la maison et la joie de cet évènement serait pour ma femme et mes enfants.

C’est pourquoi j’ai voulu que vous soyez également heureux et que vous rentriez à la maison en sachant que votre Atao est de retour… ». L’ancien représentant du laboratoire New Cesamex au Bénin finit en ces termes : « Chers frères, chères sœurs, chères mamans, chacun a son épreuve dans la vie. Mais, je voudrais que vous tiriez de mon exemple qu’il n’y a aucune épreuve dans la vie que Dieu n’a pu aider à surmonter. Soyons rassurés. Que Dieu éloigne de nous des épreuves qui vont nous conduire à la mort. Soyons rassurés que Dieu est au contrôle ».

Pour un détenu qui n’a pas fini d’épuiser ses peines et qui est rentré sans être inquiété par la Police dont les éléments ont plutôt œuvré à sa sécurité dans la foule, c’était un grand étonnement. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps ? L’évacuation sanitaire pour un certain temps est-elle synonyme de la remise ou de l’extinction des peines voire de l’effacement des condamnations ? Voilà des questionnements qui jusque-là n’ont pas trouvé réponses. Plus d’un mois après que l’ancien député de la 15ème circonscription électorale est de retour dans son pays, le Bénin, et dans les circonstances que tout le monde sait, aucune voix, aucun écrit venant, ni de la Justice ni du pouvoir de la Rupture pour situer l’opinion publique nationale et internationale. C’est le silence plat des deux côtés.

Pour rappel, Mohamed Atao Hinnouho incarcéré en mai 2018, a été condamné en appel, en novembre 2018, à six ans de prison fermes (soit 5ans pour une première sentence et un an pour la seconde) et 3 milliards de Francs Cfa d’amende dans un dossier de trafic de faux médicaments.

 Avant le scenario Atao…

Sous le pouvoir de la Rupture que conduit Patrice Talon depuis 2016, Atao Hinnouho n’est pas le premier de la Justice à revenir au pays sans être inquiété. Avant lui, il y a eu Bertin Koovi et le Colonel Pascal Tawès. Le premier était poursuivi pour ‘’incitation à la haine et à la violence’’. Un mandat d’arrêt avait été décerné contre lui le 17 mai 2019 et son nom était sur la liste des personnes recherchées par la justice béninoise. Contre toute attente, mardi 23 mars 2021, il est rentré au bercail. « (…) Je suis à Cotonou et libre de mes mouvements… », avait-il écrit sur sa page Facebook.

Et depuis, plus rien à son encontre.  Mais déjà, une semaine avant Bertin Koovi, c’est Pascal Tawès, autrefois très critique à l’égard du régime de la Rupture et soupçonné être dans une affaire de coup d’Etat, qui a été reçu par le chef de l’Etat. 24 heures après, le colonel à la retraite fait une déclaration de soutien à Patrice Talon. Entre temps, Koovi et Atao ont également rejoint la majorité présidentielle. Cerise sur le gâteau, depuis l’extérieur l’ancien président de Reso Atao, parti qui a rallié le Bloc Républicain, donnait des consignes à sa base électorale pour voter pour les listes du pouvoir. Peut-être que tout ça fait partie du jeu, qui sait ?

S’expliquer ou l’étendre alors à tous !

En réalité, Matin Libre ne remue pas le couteau dans la plaie. L’esprit non plus n’est pas d’inciter à jeter x ou y en prison. Le penser, dans un contexte où les voix s’élèvent invitant à la décrispation politique avec comme acte majeur attendu la libération des détenus politiques et le retour des exilés en cette avant-veille de la président de 2026,  c’est ramer à contrecourant. Cependant, l’idéal, le bon sens et la transparence auraient voulu qu’on informât sur ces affaires judiciaires.

Autrement, qu’on cloue le bec à ceux qui continuent de ressasser les dossiers Atao, Tawès et Koovi en étendant ce miracle politico judiciaire aux détenus et exilés politiques qui ne parlent pas le même langage que le pouvoir.

En tout cas, ce ne sera pas une surprise que rien de tout ça ne soit fait, et que comme les Béninois l’ont déjà vu il y a deux ans avec Koovi et Tawès, que le chef de l’Etat de retour des vacances gouvernementales, reçoive en tête-à-tête au Palais de la Marina le veinard Atao Hinnouho.

W.B

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici