La libération des détenus politiques et le retour des exilés, le parti Les Démocrates en a effectivement fait une préoccupation au point où une proposition de loi d’amnistie a été déposée à propos au Parlement. Mais quand on suit l’allure que prend le débat dans l’arène politique sur ces questions, il y a lieu de s’interroger.
En effet, tout porte à croire qu’on est dans du chantage au sein de la Mouvance. Sinon comment comprendre qu’on dise urbi et orbi aux Démocrates de changer de posture ou de fusil d’épaule s’ils comptent avoir la majorité à l’Assemblée nationale pour l’adoption du texte ? Bien évidemment, le week-end du samedi 2 septembre 2023, à la faveur d’une manifestation politique qui a réuni une belle brochette des sensibilités politiques du pays, le sujet est revenu et a fait l’objet de piques lancées à l’endroit des représentants du parti.
Ces derniers l’ont certainement compris : Aucune chapelle politique sérieuse ne peut leur concéder cette majorité pour le vote de la loi avec cette manière de faire qui les caractérise. La seule chose qui vaille lorsqu’on n’a pas la majorité, c’est l’humilité de demander, la négociation voire les compromis et même compromission. Mais diantre ! Le professeur Joel Aivo en prison est-il membre du parti Les Démocrates ?
Les dizaines d’étudiants détenus dans le cadre des élections passées sont-ils tous membres du parti à la flamme? En ne libérant pas l’ancienne ministre Reckya Madougou, est-ce au parti Les Démocrates seuls qu’on fait du tort? Est-ce Yayi Boni qui a été deux fois reçu au Palais de République pour la même cause qu’on met en difficulté politiquement devant le peuple béninois et la communauté internationale ? Nicephore Soglo qui s’est inscrit dans la même dynamique depuis lors est-il militant ‘’Démocrate’’? Que dire des têtes couronnées, des nombreux particuliers, acteurs de la société civile et autres politiques du camp au pouvoir qui font le même plaidoyer ?
Il n’est pas dit que Les Démocrates sont exempts de reproches ou critiques sur le plan politique. Mais en faire un prétexte ou une condition à la libération des détenus politiques ou au retour des exilés qui devraient être une cause impersonnelle et non partisane, n’est qu’une mauvaise foi. Peut-être qu’on a en idée de se faire remarquer par le chef, sinon dans l’opinion, ça ne passe pas.
Qui sait si Joel Aivo, Reckya Madougou, Komi Koutché, Sébastien Ajavon, Valentin Djenontin, Léhady Soglo, Fatouma Djibril et les nombreux jeunes étudiants détenus dans le cadre des élections ne sont pas plus proches de partisans et courtisans de la Rupture ? S’ils doivent être honnêtes, ils vont dans leurs contrées et écoutent ce que la population leur en dit. D’ailleurs, interrogé il n’y a pas longtemps sur la télévision nationale à propos du durcissement des conditions carcérales de Reckya Madougou et de Joël Aïvo, Orden Alladatin de la Majorité parlementaire n’a-t-il pas clairement dit- : « Le député c’est le représentant du peuple, qui n’a pas à voir si celui qui le sollicite est de la gauche ou de la droite ». Mieux, « Ceux que vous citez, sont des amis à nous : le professeur Aïvo et Reckya Madougou. N’oubliez pas que j’ai travaillé au cœur de la société civile avec Reckya Madougou ». Si tel est donc le cas, est-ce à cause de supposés agissements d’un parti politique qu’il ne faut pas agir pour l’intérêt national ?
Et pourtant, entre 2012 et 2016, pour le retour des exilés dont l’actuel chef de l’Etat Patrice Talon, certains acteurs, donneurs de leçon aujourd’hui, n’étaient pas du tout des enfants de cœur face au pouvoir de Yayi Boni. Eux, ils ont déjà certainement oublié ce pan de l’histoire…
W.B