Le média international France 24 vient d’être suspendu au Burkina Faso. Le gouvernement burkinabé, dans un communiqué, a décidé de la suspension de la diffusion des programmes de France 24 dans le pays, accusant le média d’avoir donné la parole au Chef d’un groupe terroriste (Aqmi). Une accusation sans fondement, selon le média.
« C’est avec regret que le gouvernement a découvert il y a de cela deux semaines, une interview du « Chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) » sur les antennes de France24, du groupe France Médias Monde. Sans contester la liberté des choix éditoriaux de la chaîne, le Gouvernement s’interroge cependant sur l’éthique qui gouverne la pratique professionnelle du journalisme sur France 24. Le Gouvernement se désole de voir que le chef d’une organisation terroriste comme AQMI et reconnue comme telle par l’ensemble de la communauté internationale, puisse bénéficier des largesses éditoriales de France 24 pour s’exprimer longuement sur les antennes de la chaîne. Cette organisation est-il besoin de le rappeler, adepte d’un terrorisme djihadiste est l’auteur de crimes odieux qui choquent la conscience humaine et qui ont fait des milliers de victimes à travers le monde. Dans la bande sahélo-saharienne et singulièrement au Burkina Faso, la violence aveugle et la barbarie terroriste contre les paisibles populations sont principalement alimentées par cette organisation qui nourrit des desseins funestes pour notre pays et notre peuple que le Gouvernement a la responsabilité de protéger. En ouvrant ses antennes au premier responsable d’AQMI, France 24 ne fait pas seulement office d’agence de communication pour ces terroristes, pire il offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine véhiculés pour assouvir les visées maléfiques de cette organisation sur le Burkina Faso. Le Gouvernement a donc décidé en toute responsabilité, et au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, de la suspension sine die de la diffusion des programmes de France 24 sur l’ensemble du territoire national. Le Gouvernement, tout en réaffirmant son attachement à la liberté de presse et d’opinion, renvoie France 24 et l’ensemble des professionnels des médias à leurs responsabilités quant aux choix éditoriaux qu’ils opèrent dans le traitement de l’information sur le terrorisme » lit-on dans le communiqué du gouvernement burkinabé. Dans la foulée, le média France 24 a fait entendre sa version.
La réaction de France 24
Dans un communiqué, France 24 déplore vivement la suspension de sa diffusion au Burkina Faso. » La direction de France 24 déplore cette décision et conteste les accusations sans fondement qui mettent en cause le professionnalisme de la chaîne. Le gouvernement burkinabè reproche à France 24 la diffusion d’une « interview du Chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) », alors que jamais la chaîne ne lui a donné la parole directement, prenant soin de relater ses propos sous la forme d’une chronique permettant la distanciation et la contextualisation nécessaires. En outre, cette chronique permettait pour la première fois de confirmer que l’otage français Olivier Dubois, libéré depuis, était retenu par AQMI. France 24 s’indigne des propos outranciers et diffamatoires du gouvernement burkinabè, associant la chaîne à « une agence de communication pour ces terroristes », qui tentent de décrédibiliser la chaîne, dont l’indépendance et la déontologie ne sont plus à démontrer. France 24 rappelle son attachement sans faille à la liberté d’informer comme au travail professionnel de ses journalistes. En outre, la décision de suspendre la chaîne intervient sans préavis et sans que n’aient été mises en œuvre les procédures prévues par la convention de diffusion de France 24 établie par le Conseil Supérieur de la Communication du Burkina Faso. Pourtant, des échanges continus entre l’autorité de régulation et des représentants de France 24 ont toujours permis un dialogue constructif. Jamais n’a été évoqué le motif qui sert de prétexte aujourd’hui au gouvernement du pays pour justifier la suspension de la diffusion de la chaîne. En décembre 2022, le gouvernement burkinabè avait déjà suspendu la radio RFI dans les mêmes conditions exorbitantes du droit commun, s’exonérant de tout respect des procédures. Au Burkina Faso, France 24 est suivie par un tiers de la population chaque semaine et plus de 60 % des cadres et dirigeants. Elle reste accessible en réception satellitaire directe via Eutelsat 16 A et SES 5, sur YouTube, Internet et les réseaux sociaux » lit-on.
A.B