Le sixième rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) est disponible. Il a été adopté à l’issue d’une session d’approbation qui s’est tenue du 13 au 17 mars en Suisse avec les représentants des 195 pays membres du GIEC.
Le nouveau rapport du Giec synthétise les connaissances scientifiques acquises entre 2015 et 2021 sur le changement climatique, ses causes, ses impacts et les mesures possibles pour l’atténuer et s’y adapter. Il est le fruit d’une collaboration internationale.
Des émissions de gaz à effet de serre toujours en augmentation
Dans ce rapport, le GIEC rappelle que les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ont réchauffé le climat à un rythme sans précédent : la température de la surface du globe s’est élevée d’ 1,1 °C par rapport à la période pré-industrielle. Quels que soient nos efforts actuels, le GIEC estime que le réchauffement de la planète atteindra 1,5 °C dès le début des années 2030. Limiter ce réchauffement à 2 °C ne sera donc possible qu’en accélérant la baisse des émissions après 2030 pour ramener les émissions mondiales nettes de CO2 à zéro et réduire fortement les autres émissions de gaz à effet de serre.
Des risques qui s’aggravent
Le 6e rapport d’évaluation du GIEC atteste d’une augmentation des risques (vagues de chaleur, précipitations extrêmes, sécheresses, fonte de la cryosphère, changement du comportement de nombreuses espèces…) pour un même niveau de réchauffement par rapport au 5e rapport d’évaluation de 2014. Les risques climatiques et non climatiques vont s’aggraver et se multiplier, ce qui rendra leur gestion plus complexe et difficile.
Des conséquences
A en croire le rapport, toutes les perturbations du système climatique sus-évoquées, ont entraîné des effets néfastes observables sur les écosystèmes et les sociétés humaines du monde entier : les événements météorologiques extrêmes (sécheresses, vagues de chaleur, inondations, incendies, cyclones tropicaux…) ont lieu plus souvent et sont plus intenses ; la biodiversité est menacée, des milliers d’espèces animales et végétales ont déjà subi des disparitions locales (les impacts du changement climatique sur la biodiversité); les risques sanitaires sont en augmentation : on observe une augmentation de la mortalité et de la morbidité liées à la chaleur, aux maladies, aux pénuries alimentaires… (les impacts du changement climatique sur la santé); la production agricole mondiale est également impactée, menaçant la sécurité alimentaire dans certains pays (les impacts du changement climatique sur l’agriculture) et environ la moitié de la population mondiale connaît actuellement une grave pénurie d’eau pendant au moins une partie de l’année.
Selon le rapport les conséquences parmi d’autres, sont généralement combinées et peuvent entraîner de nombreuses répercussions. Par exemple, l’augmentation d’épisodes météorologiques extrêmes a exposé des millions de personnes à de graves problèmes de sécurité alimentaire et hydrique. Chaque dixième de degré supplémentaire de réchauffement entraînera des conséquences plus graves, touchant de plus en plus de personnes. Aujourd’hui, près de la moitié de la population mondiale est déjà exposée aux risques climatiques.
Des solutions
Le sixième rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) montre la voie à suivre: il faut instaurer un développement résilient au changement climatique. Il s’agit d’intégrer les mesures d’adaptation au changement climatique et les mesures permettant de réduire ou d’éviter les émissions de gaz à effet de serre, en optant pour des méthodes qui nous offrent d’autres avantages. Par exemple, l’accès à des énergies et technologies propres est favorable à la santé, en particulier pour les femmes et les enfants. De même, l’électrification à faible émission de carbone ainsi que les déplacements à pied, à bicyclette et en transport public assainissent l’air, améliorent la santé, créent des emplois et favorisent l’équité. Ainsi, à elles seules, les économies de santé publique réalisées grâce à l’amélioration de la qualité de l’air seraient à peu près égales, ou peut-être même supérieures, au coût de la réduction ou de la suppression des émissions.
Pour porter leurs fruits stipule le rapport, ces choix doivent s’ancrer dans nos diverses valeurs, perspectives et connaissances, qui comportent les connaissances scientifiques, les connaissances autochtones et les connaissances locales. Cette approche facilitera l’instauration d’un développement résilient au climat, de même que l’adoption de solutions adaptées aux besoins locaux et acceptables pour la société.
Opter pour le développement durable
« Si nous parvenons à réduire les obstacles actuels, nous disposons de suffisamment de capitaux sur la planète pour diminuer rapidement les émissions de gaz à effet de serre », indiquent les rapporteurs. Il nous faut donc investir davantage de ressources au profit du climat pour atteindre les objectifs climatiques planétaires. Les gouvernements, en faisant bon usage des fonds publics et en donnant des signaux clairs aux investisseurs, peuvent considérablement contribuer à réduire ces obstacles. Les investisseurs, les banques centrales et les organismes de réglementation financière peuvent également jouer un rôle décisif.
« En renforçant des mesures de politique générale qui ont fait leurs preuves et en les appliquant à plus grande échelle, nous pouvons réduire radicalement les émissions et œuvrer pour la résilience au changement climatique. L’engagement politique, la coordination des stratégies, la coopération internationale, la gestion responsable des écosystèmes et une gouvernance inclusive favorisent aussi très utilement une action climatique efficace et équitable », recommande le rapport.
Le document appelle également à la mise en commun nos technologies, notre savoir-faire et nos mesures politiques les plus pertinentes. « Si nous dégageons suffisamment de ressources dès à présent, toutes les populations pourront réduire ou supprimer leur consommation à forte intensité de carbone. Parallèlement, si nous investissons suffisamment de ressources dans les mesures d’adaptation, nous pourrons prévenir l’escalade des risques, en particulier pour les groupes et les régions vulnérables », fait remarquer le rapport .
Pour le Giec, les écosystèmes et la société humaine sont interconnectés. La préservation équitable et efficace d’environ 30 à 50 % des terres émergées, des eaux douces et des océans contribuera à garantir la santé de la planète. Les zones urbaines offrent de plus l’occasion d’opter, à l’échelle mondiale, pour une action climatique ambitieuse contribuant au développement durable. Ainsi, en apportant des modifications dans le secteur alimentaire, dans les domaines de l’électricité, des transports, de l’industrie et de la construction ainsi que dans l’utilisation des terres, « nous pouvons réduire les émissions de gaz à effet de serre ». Ces mêmes modifications peuvent faciliter l’adoption de modes de vie à faible émission de carbone, au profit de la santé et du bien-être. De plus, une meilleure compréhension des conséquences de la surconsommation peut contribuer à des choix plus éclairés.
Th. A.