Justice: Le Smithsonian Museum et les Afro-Américain dans une bataille pour des Bronzes du Bénin
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Une association afro-américaine a entamé des poursuites judiciaires contre le Smithsonian Museum basé à Washington. Ce qui est reproché au musée: la restitution de 29 Bronzes du Bénin à leur terre d’origine au Nigéria en octobre dernier. Tentez les jeux BlackJack en ligne.
Friction entre Afro-Américains et le Nigéria
Ils affirment que les bronzes font également partie du patrimoine des descendants d’esclaves en Amérique. Selon la Restitution Study Group (RSG), le nom de l’association, les renvoyer les priverait de la possibilité de vivre leur culture et leur histoire.
De fait, il est légitime de renvoyer ces précieuses statues au Nigéria. Ces dernières ont été pillées par les colonialistes britanniques au 19e siècle dans le royaume du Bénin dans l’actuel Nigeria.
Selon le média anglais la BBC, le chef David Edebiri, membre du cabinet de l’actuel chef traditionnel de l’Etat d’Edo, aurait bien ri à l’annonce de cette nouvelle. “Mais les artefacts ne sont pas réservés au Oba”. Ils sont destinés à tous les Béninois, où qu’ils se trouvent dans le monde,” a-t-il dit.
Pourtant, la RSG est bien sérieuse dans sa démarche judiciaire. Selon sa fondatrice Deadria Farmer-Paellmann, son association veut “examiner et mettre en oeuvre de nouvelles approches pour guérir les blessures des personnes opprimées.”
Un passé colonial et esclavagiste
L’histoire des Etats-Unis est entaché du colonialisme et de l’esclavage des pays africains. Plus de 103 000 esclaves amenés en Amérique provenaient de ports maritimes qui étaient à l’époque sous la supervision des commerçants du royaume du Bénin. Selon la fondatrice de l’association, des tests récents ont montré que 27,7% de son ADN est lié à ces personnes. Cela, croit-elle, lui donne, ainsi qu’aux autres personnes descendantes d’esclaves, un droit de revendication sur les artefacts.
Son argumentation s’articule autour des manilles. Des bracelets en laiton utilisés comme monnaie d’échange par les marchands portugais. Du 16e au 19e siècle, ceux-ci achetaient aux Africains toutes sortes de produits agricoles et de biens locaux, mais également des êtres humains. Les milliers de sculptures connues sous le nom de bronzes du Bénin, ont été réalisées en combinant plusieurs métaux, tels que le laiton et le cuivre.
Quels sont ces artefacts et quelle importance ont-ils?
Les Bronzes du Bénin sont donc un groupe de sculptures comprenant des plaques moulées richement décorées, des têtes commémoratives, des figures animales et humaines, des objets d’apparat royal et des ornements personnels. Ils ont été créés à partir du XVIe siècle au moins dans le royaume ouest-africain du Bénin. Et ce, par des guildes spécialisées travaillant pour la cour royale de l’Oba (roi) à Benin City. Le Royaume a également soutenu des guildes travaillant dans d’autres matériaux tels que l’ivoire, le cuir, le corail et le bois.
De nombreuses pièces ont été commandées spécifiquement pour les autels ancestraux des anciens Obas et des reines mères. Ils étaient également utilisés dans d’autres rituels pour honorer les ancêtres et valider l’accession d’un nouvel Oba. Parmi les bronzes du Bénin les plus connus figurent les plaques de laiton. Ils décoraient autrefois le palais royal du Bénin et constituaient un important dossier historique du Royaume du Bénin. Cela comprend l’histoire dynastique, ainsi que l’histoire sociale, et un aperçu de ses relations avec les royaumes, États et sociétés voisins.
Un élément de l’histoire du Royaume du Bénin représenté sur les plaques et sculptures en laiton est les premiers contacts du royaume avec les Européens. Les contacts commerciaux et diplomatiques entre le Bénin et le Portugal se développent sur la côte ouest africaine à partir du XVe siècle. Ces premières relations comprenaient des émissaires portugais et béninois voyageant entre les capitales et les tribunaux du Bénin et du Portugal alors que ces deux puissances négociaient leur nouvelle relation.
Un argument de “blanc”
Les opposants à la RSG, comme David Edebiri, soutiennent que toutes les manilles utilisées au Bénin ne provenaient pas de la traite des esclaves. Interrogée par la BBC, l’historienne de l’art nigériane Chika Okeke-Agulu, professeure à l’Université de Princeton et activiste pour la restitution des œuvres d’art pillées, les propos de Mme Farmer-Paellmann sont similaires aux raisons pour lesquelles “les Blancs qui ne veulent pas rendre les artefacts ». Mais Farmer-Paellmann se défend de tenir de telles positions. A la place, elle appelle à une vision plus compréhensive.
« C’est une opportunité pour le Nigeria de prendre position. Il s’agit d’un des pays d’où proviennent les descendants d’esclaves.Plus de 3,5 millions d’entre nous. Le Nigéria a l’occasion de dire qu’il serait honorable de partager ces bronzes”, a-t-elle confié. Des 29 bronzes qui se trouvent maintenant au Nigéria, vingt ont complètement été restitués. Les neufs restants sont un prêt du Smithsonian Museum. Mais on parle déjà d’une restitution complète.