Derniers hommages à Guy Ernest Kaho: Le monde artistique et culturel fortement mobilisé

(Une mémoire antistatique qui fait école…) 

La grande salle bleue du Festival International de Théâtre du Bénin (Fitheb), ex Ciné Vogue, est rempli de monde, mercredi 08 Juin 2022, pour la cérémonie des derniers hommages rendus à l’artiste Comédien et cinéaste Guy Ernest Kaho. 

Officiellement présidée par le Ministre du tourisme, de la culture et des arts, Jean Michel Hervé Babalola Abimbola, cette cérémonie riche en couleurs et en tableaux artistiques, a permis à l’ensemble des autorités en charge de la culture, les acteurs et promoteurs culturels de revivre pour la toute dernière fois, un moment de chaleur avec Guy Ernest Kaho, désormais derrière les rideaux du Grand Théâtre. De la troupe de danse ‘’Les Supers Anges Hwendonanboua’’ du maître chorégraphe Aladé Koffi Adolphe à la compagnie ‘’3L Ifèdé’’ de Orphé Gnikpo en passant par les jeunes comédiens conteurs  Carlos Adékambi Zinsou et Guy Kponhinto, tout était mis en place pour un hommage digne du nom.

« La mort est l’une des clauses que le contrat de la vie nous impose. Le rappel à Dieu de notre cher Guy Ernest Kaho ne nous a pas seulement plongés dans le chagrin. Il nous prive d’un ami, un époux, un père de famille. Il nous a également privés d’un artiste, l’un des plus brillants. Depuis ses premières expressions dans la cours du collège Père Aupiais  jusqu’à son engagement dans sa propre compagnie, Guy Ernest gravit pas à pas les échelons des arts dramatiques. Il a construit une carrière exemplaire sur la scène béninoise et africaine. Guy Ernest est un professionnel qui s’est imposé sur la scène théâtrale et parallèlement à ses préoccupations de diseur de bons textes, l’artiste a développé le talent comique à travers la série ‘’Taxi Brousse’’. Ancien sociétaire de la troupe ‘’Wassangari’’, il a effectué de nombreuses tournées » retrace le ministre du tourisme de la culture et des arts, Jean Michel Hervé Babalola Abimbola.

Aujourd’hui, cet artiste dont le charme se retrouve dans son élan poétique a définitivement tourné dos à la scène dramatique et ne vivra désormais que par ses œuvres et les souvenirs qu’il a laissés derrière lui. Grand Prix Afrique du théâtre francophone 2010 dans la catégorie meilleur comédien, Guy Ernest Kaho s’est inscrit en Lettres de feu dans les annales de l’histoire de la dramaturgie béninoise. Derrière lui, c’est désormais une veuve et une seule fille ainsi que les magnifiques œuvres qui répondront de son illustre mémoire.   L’artiste ne meurt pas, vive le génie qui est juste rentré derrière le rideau de la vie.

Teddy GANDIGBE

Les parents et artistes sous le choc…

Luc Honnoré Kaho (Frère aîné de l’illustre disparu)

(C’est lui qui égayait la famille…)

«Sincèrement, j’ai été ému de l’hommage que les artistes ont réservé à mon frère. Et j’ai été plus ému encore par la présence du ministre lui-même venu présider la cérémonie. Ce n’est que l’expression de tout ce que mon frère Guy Ernest Kaho a été au milieu des artistes. C’est une marque de considération qui mérite toute gratitude. Et je passe par ce canal pour dire infiniment merci à tous ceux qui sont venus l’honorer. Si les soutiens pouvaient garder un homme en vie, mon frère ne serait pas parti. Ils ont fait énormément, surtout le Conseiller Claude Balogoun que je remercie spécialement. C’est lui qui égayait la famille par son talent et voilà qu’il nous a laissés orphelin… »

Mireille Gandébagni (Artiste Comédienne dramaturge)

(Guy Ernest Kaho pour moi c’était le talent…)

 « Face à la mort on est toujours triste. Or, la chrétienne que je suis se doit d’être heureuse en disant qu’aujourd’hui, Ernest est dans un monde meilleur. C’est vrai que quand nous, on a commencé et on a voulu se professionnaliser, Guy Ernest Kaho faisait partie des aînés qui était déjà sur le terrain. Et j’avoue que quand moi je l’observe, je suis contente. Parce que vous savez, beaucoup de personnes sont dans l’art aujourd’hui mais est-ce que toutes sont appelées, est-ce que toutes ont le potentiel ou le talent ? Ernest Kaho avait le talent et quand je le voyais sur scène, j’étais contente. Il faisait partie de ceux qui me donnaient envie d’aller sur scène. Et sans fausse modestie, Guy Ernest Kaho pour moi, c’était le talent, c’était le potentiel. »

Jean Louis Kédagni (Artiste Comédien et promoteur culturel)

(Quand tu as l’habitude de jouer avec Ernest, tu sens l’acteur à tes côtés…)

« Franchement, c’est une grosse perte pour le Bénin et à l’heure où je vous parle j’ai la chair de poule. Je me rappelle encore les moments passés avec Ernest. Je l’appelle affectueusement ‘’un passeport pour le Bénin’’. J’ai eu la chance de voyager avec lui plusieurs fois et toutes les fois où tu es en difficulté que ça soit à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, si tu appelles le nom de Guy Ernest Kaho, on te laisse passer. Quand tu as l’habitude de jouer avec Ernest, tu sens l’acteur à tes côtés. Tu ressens l’émotion immédiatement. C’est une très grosse perte pour le Bénin mais on n’a pas de choix. Quand l’heure sonne, personne ne peut l’arrêter »

Les temps forts en image…