Le Colonel Koffi Benoît Sinzogan n’est plus. Grande figure de la classe béninoise, il s’est éteint le lundi 11 janvier dernier, à son domicile à Bohicon, à l’âge de 94 ans.
Alors qu’il s’est bien amusé avec ses enfants et ses petits-fils à la veille de son décès, le patriarche Benoît Koffi Sinzogan est très loin d’imaginer qu’il allait brutalement quitter sa maisonnée le lendemain dans l’après-midi. Dans la matinée de ce lundi 11 janvier, Pépé Sinzogan, piqué d’un malaise n’a pas pu avaler un seul comprimé avant de lâcher son dernier souffle. La famille s’apprêtait à l’amener à l’hôpital quand il a répondu à l’appel du Père céleste. Dans la maison mortuaire sise à Hêzonho dans la Commune de Bohicon, la consternation et l’émoi se lisaient sur le visage des membres de la famille de l’illustre disparu. «Un baobab s’en est allé. La mort de notre papa est une énorme perte pour nous même et pour la Nation », a déclaré Camille Sinzogan, l’un des enfants du défunt au milieu d’émotions. En effet, l’un des acteurs clés de l’armée dahoméenne qui se construisait dans les années 60, le colonel de l’Armée béninoise à la retraite, Koffi Benoît Sinzogan a joué un rôle de premier plan dans la politique révolutionnaire depuis les indépendances.
Né vers 1928 à Savalou, ex-Dahomey, le colonel Koffi Benoît Sinzogan est un officier supérieur de l’armée du Dahomey, actuel Bénin. Selon sa famille, il fut le tout premier militaire dahoméen formé à l’école des officiers français (Saint Maixent). Il y entra avec un Baccalauréat plus un Certificat d’aptitude pédagogique (Cap) obtenu à l’école normale William Ponty en 1954. Il en sortit lieutenant de l’armée française en 1956. Il servit à Thiès et à Kaolack au Sénégal entre 1956 et 1958.
Affecté au Dahomey, il devint le tout premier officier noir de l’histoire du camp de Ouidah vers la fin de 1959. Alors que l’armée française s’apprêtait à le déployer sur les champs de bataille en Algérie, Hubert Maga, fraîchement élu président de la République du Dahomey, l’a remarqué et demandé à la France sa mise à disposition du Dahomey qui accédait à la souveraineté internationale.
Le colonel Benoît Koffi Sinzogan sera nommé en 1960 aide de camp du président Hubert Maga, le tout premier aide de camp d’un chef d’état au Dahomey. Après avoir occupé de nombreuses fonctions de Cotonou à Parakou en passant par Porto-Novo et Kétou, le colonel Koffi Benoît Sinzogan entre encore davantage dans l’histoire en créant en 1969 le directoire militaire qui lui a permis de diriger le Dahomey en période de transition politique pendant six mois. Retourné à la caserne après avoir transmis le pouvoir aux civiles en 1970 (Conseil présidentiel), cacique de l’armée béninoise, il restera à la tête de la gendarmerie jusqu’en 1973. En cette période de révolution, il fut nommé par Mathieu Kérékou commissaire du gouvernement auprès de la Société nationale de forêts (Snafor) où il est admis à faire valoir ses droits à la retraite en 1984.
Fernand Kinmahou