Echange autour du mouvement Hip Hop au Bénin: Sergent Marcus et Foo Logozo dans la dynamique d’une révolution
L’espace culturel ‘’Le Centre’’ situé à Lobozoukpa dans l’arrondissement de Godomey a accueilli, mercredi 18 novembre 2020, un intéressant panel autour de l’évolution du mouvement Rap et ses impacts sur la frange de la population qui l’a adopté depuis son instauration dans le paysage culturel béninois. Autour de la table de discussion, deux panélistes peu ordinaires.
Toussaint Djaho alias ‘’Sergent Marcus’’ et Herman Quenum alias ‘’Foo Logozo’’, ancien sociétaire du mythique groupe de rap ‘’Ardiess Possy’’. Deux grosses cylindrées invitées à partager avec un public, essentiellement constitué des fans et mélomanes du mouvement Hip Hop, leur expérience de parcours et leur expertise en tant que pionniers du Rap Game au Bénin. Prenant la parole, ‘’Sergent Marcus’’ a tenté de dévoiler partiellement les raisons et comment il a quitté l’armée pour le micro. A travers ses témoignages, l’on comprend aisément que c’est la passion trop poussée pour le monde des arts qui a articulé les pas de l’ancien pensionnaire du Prytanée militaire de Bèmbèrèkè à faire la grande enjambée vers la plume et micro tout en déposant les armes bien qu’étant admis en son temps au grade de Sergent dans le rang des officiers de para-commando. « A l’époque,, lorsque j’ai pris cette décision, mon entourage l’avait mal accueillie. Certains en arrivaient même à siffler partout : ‘’il a quoi à quitter l’armée pour le rap alors qu’il aurait pu rester et gravir les échelons comme ses autres collègues ? ’’. Ils s’en désolaient pratiquement. Mais cela n’a pas émoussé mon ardeur dans le feu de la passion » fait savoir ‘’Sergent Marcus’’ le rappeur attitré. A l’en croire, ses véritables débuts dans le mouvement Rap a commencé par son contact avec Laurent Issaka Tchaboè, ce vétéran du Rap béninois que les mélomanes connaissent sous le Pseudonyme de ‘’Ishaq’’. Très influencé par les rappeurs français et américains, ‘’Sergent Marcus’’ pour le moins qu’on puisse dire sans abus de langage, est l’autre Mc Solar à regarder de très près son parcours et ses œuvres qu’il partage avec le public ainsi que ses textes empreints de contenu de qualité et de philosophies pertinentes.
Parallèlement, ‘’Foo Logozo’’ qui a marqué d’une pierre blanche le rap béninois à travers son exécution en langue Fongbé, n’a pas manqué aussi d’ouvrir la brèche sur son expérience dans les sentiers battus du Hip hop. Voilà par exemple un rappeur qui, pour avoir fait tous les challenges du mouvement Rap, ne s’est pas laissé emporter par le snobisme. « Tout le temps que j’ai fait du rap, je n’ai jamais fumé encore moins fait des persing ou du tatouage » souligne Foo Logozo afin de clamer la conscience professionnelle et la vertu qui l’ont toujours guidé dans l’exécution de son art, quand bien même son souffle d’inspiration le pousse de temps en temps dans les verres, selon ses aveux. Le seul vice qui d’ailleurs n’en est véritablement pas un, puisque provoquant chez l’artiste l’inspiration à fleur de peau dans la création des vers en fongbé dans ses chansons. Lui, ses débuts remontent à ses contacts avec Fikira Abdul, le sociétaire du trio ‘’Apouké’’ et bien d’autres. « J’ai fait le hip hop jusqu’ici mais je n’ai pas été prêt à tout pour le Rap. Mon éducation étant ce qu’elle est » laisse entendre l’artiste avant d’inviter la jeune génération à la responsabilité. Cette séance d’échange a été riche en émotion à cause des souvenirs de vieilles époques et des anecdotes comiques racontées çà et là par les panélistes. La rencontre était bouclée par des freestyles des accros qui étaient sur place en communion avec les panélistes et un extraordinaire beat maker du nom de Agouda Boy. Un jeune homme de la vingtaine environ qui a une capacité énorme d’instruments dans la gorge. Il fallait juste vivre cette soirée.
Teddy GANDIGBE