Bénin/Lutte contre l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables: Un pétard mouillé

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3 novembre 2017 – 3 novembre 2020. Trois ans déjà que la Loi N°2017-39 du 26/12/2017,  portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables en République du Bénin, a été promulguée. Mais quels sont les résultats sur le terrain? Quel bilan  pouvons-nous, en effet, faire de cette interdiction ?

 

Nada. Sinon qu’après adoption, promulgation et publication au journal officiel, la Loi N°2017-39 est réduite à l’extrême. Elle reste, comme nombreuses d’autres, juste une loi de plus. A tel point qu’on se demande à quoi sert-il finalement de promulguer des lois si elles doivent être rangées dans les tiroirs? Ou, dans ce cas précis, le moratoire de six mois accordé aux citoyens afin de se débarrasser des sachets plastiques non biodégradables court-il toujours? Et pourtant, après sa promulgation suivie d’une période de sensibilisation, la phase répressive était annoncée pour démarrer en juin 2018. Elle sera  repoussée pour prendre effet dès août 2018. Seulement, jusqu’au moment où nous mettons sous presse, ça reste du vent. Sinon, comment expliquer alors que ces sachets soient encore ‘’allègrement distribués sur toute l’étendue du territoire national’’ ? «On a tendance à se demander si ces sachets plastiques non biodégradables sont si forts, si puissants et même si rebelles pour braver une loi républicaine? On se demande aussi si ce sont celles et ceux à qui est confiée la responsabilité de l’application de cette loi qui n’ont pas été à la hauteur de la mission à eux confiée. Aussi pourrait-on se demander si des lobbies de la non application de cette loi ont trouvé les moyens pour l’étouffer», s’interroge, Patrice Sagbo, Président de l’Ong, Action pour le développement durable (Aded). Alors même que pour lui, les sachets plastiques non biodégradables tuent hommes, animaux, plantes et sols ; polluent, intoxiquent, appauvrissent et affament, la loi sur leur interdiction «ne tigre que sur papier».

Au-delà d’une volonté

La lutte contre l’usage des sachets plastiques non biodégradables au Bénin, aux dires des autorités compétentes, sera sans merci. Lors de la Journée mondiale de l’Océan, commémorée vendredi 8 juin 2018, rapporte le quotidien La Nation, le ministère du Cadre de vie et du développement durable a insisté sur les dispositions de la loi N°2017-39 qui vont s’appliquer à tous les citoyens détenteurs de sachets plastiques. Mais, puisque c’est par la qualité d’un ouvrage qu’on peut estimer la valeur de celui qui l’a fait, trois ans après la promulgation de ladite loi et à quelques mois de la fin du quinquennat de Patrice Talon, au moment même de connaître l’artisan à l’œuvre, tous ces propos s’avèrent du plagiat verbal. Même si la volonté de lutter contre les sachets plastiques est criée sur tous les toits, le constat est que l’Etat n’y est pas engagé à 100%. L’intérêt qu’on y porte est invisible.

Pas de politique réelle

Pour des observateurs, le gouvernement n’a pas les moyens pour mener la lutte contre l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables. Pour citer quelques-uns, tant que le gouvernement ne trouvera pas la formule pour empêcher l’entrée sur le territoire, des sachets plastiques non biodégradables, la lutte ne sera que vaine. Tous les mardis, renseigne une source,  «c’est une énorme quantité de ces sachets plastiques  qui entre au Bénin par le marché de Kassoua dans la commune de Ouaké. Et c’est ainsi dans la quasi-totalité des marchés frontaliers du Bénin». Le grand problème, pour un autre analyste, reste la proximité du Bénin avec le Nigéria et le Togo qu’il faut pouvoir gérer. Par ailleurs, renchérit un tiers, les sachets biodégradables sont aussi difficiles à trouver sur le marché. Seulement, le gouvernement n’avait-il pas pris la mesure de la situation avant de s’y mettre? A quoi pensait-il alors en promulguant la loi? Etait-ce juste pour charmer les Partenaires techniques et financiers (Ptf) qui n’hésitent à engloutir des milliards pour un environnement sain et durable? Parce qu’en réalité, pour mettre fin à une pratique aussi vieillotte, ne devrait-on pas s’y pencher sérieusement et asseoir une véritable et réelle politique de lutte? Qui, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer?, enseigne une sagesse biblique.

Nos dirigeants l’auraient fait, qu’actuellement, le Bénin ne passerait pas pour ridicule à la face du monde. Soit carrément, la loi sur l’interdiction de l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables ne préoccupe pas pour autant. Elle n’est, manifestement pas logée à la même enseigne que d’autres. Sur le plan politique, par exemple, la célérité avec laquelle les lois sont mises en application et même des dispositions qu’on peut prendre par la suite, quand elles se heurtent à des goulots d’étranglement n’est plus à démontrer. Au demeurant, n’est-ce pas une des preuves que le Bénin est réellement un pays de « pagaille » pour citer le Président de la République, Patrice Talon? Et visiblement, le moins qu’on puisse dire, est qu’en la matière, nos gouvernants eux aussi ne donnent pas le bon exemple.  L’adage renseigne, en effet, que quand la tête est pourrie, c’est tout le corps qui est infecté.

 

Cyrience KOUGNANDE

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