Patrice Talon est candidat à sa propre succession. C’est un secret de Polichinelle. Le chef de l’Etat a déjà avisé. Il a décidé de ne pas respecter sa promesse de mandat unique. Mais comment être candidat quand on se sait ‘’impopulaire’’ ? La réponse à cette question se trouve dans la sortie inopinée du chef de l’Etat hier, mardi 3 novembre 2020.
Des foules maquillées sur le parcours du chef de l’Etat hier scandant « Talon 10 ans ». Cette sortie, supposée être une visite de chantiers, s’est révélée un véritable test de popularité, à 6 mois de la présidentielle de 2021. Le contexte s’y prête.
Patrice Talon, on peut le dire, est le candidat désigné par ses partis politiques, excepté l’Union progressiste qui, sans doute, ne tardera pas à suivre le mouvement. Quand ce sera fait, le chef de l’Etat devrait annoncer lui-même officiellement sa candidature. Normalement, cela ne devrait excéder fin novembre ou décembre. Il lui faudra, au cours de cette annonce, donner les raisons qui militent en faveur de son revirement, lui qui avait juré faire le job en 5 ans.
Il y a quelques jours, dans Jeune Afrique, Patrice Talon a avoué faire l’option de l’impopularité. Cette déclaration l’a beaucoup desservi sur la toile et dans certains médias assez critiques. Les gens se sont demandé comment un chef d’Etat qui se reconnait impopulaire peut vouloir rempiler. S’appuyant sur le cas François Hollande en France, des Béninois ont estimé qu’il devrait tirer leçon de son impopularité et jeter l’éponge.
Samedi 31 octobre dernier, un peu partout sur le territoire national, les femmes des marchés ont marché pour crier leur ras-le-bol. Sur les pancartes brandies par ces femmes qui ont battu le macadam, les messages n’étaient pas du tout tendres envers Talon et son régime.
Tout ceci réuni, ajouté à l’aveu d’impopularité, ne plaide pas en faveur du chantre de la Rupture. Sa gouvernance est de plus en plus critiquée sur la toile, à quelques mois d’une échéance électorale capitale où, faute du parrainage, nul ne sait de quoi elle sera faite. Sur la toile, quiconque des thuriféraires de la Rupture, députés et ministres y compris, ose se hasarder à défendre le régime, reçoit une douche froide. Comment justifier, dans ces conditions, son désir de solliciter un second mandat ?
Il fallait que Patrice Talon inverse la tendance et parvienne à montrer aux Béninois et à la communauté internationale que, quand bien même le contrat c’était un mandat unique de cinq ans, il est toujours adoubé et donc sa popularité ne souffre de rien. Une visite sur les chantiers du Pag vient alors à point nommé. Du coup, le chef de l’Etat devient subitement populaire. Tout ce qu’il faut pour un second mandat.
M.M