Depuis l’avènement de la Rupture et surtout en raison de la simplification des procédures au niveau de l’Agence de promotion des investissements et des exportations (Apiex), des entreprises se créent par milliers chaque année. Chose qui augure d’un avenir meilleur quant au développement économique du Bénin. Seulement, la plus grande préoccupation aujourd’hui reste la survie des entreprises naissantes…
Selon le bulletin de la note conjoncturelle au second trimestre de l’année 2020, rendu public par la Direction des affaires économiques du Ministère de l’économie et des finances, 5.188 entreprises ont été créées pendant ce trimestre. “88 auto-entrepreneurs, 4.443 établissements et 657 sociétés ont été créées pendant le second trimestre de l’année 2020. 27,6% d’entre elles opèrent dans le secteur du « transfert d’argent via réseaux mobiles », 10% dans « l’Achat et vente de produits GSM » et 59,2% interviennent dans diverses activités“, renseigne un média en ligne. Et cela est ainsi à chaque trimestre. Des milliers d’entreprises sont créées grâce à la simplification des procédures au niveau de l’Apiex. Des réformes salutaires qui facilitent d’ores et déjà l’éclosion des entreprises. En effet, outre la plateforme « Mon entreprise », destinée à la création et à la formalisation en ligne des entreprises au Bénin et le « E-service impôt », une autre plateforme qui permet aux entreprises de procéder à la déclaration ainsi qu’au paiement des cotisations de sécurité sociale et des impôts en ligne, des dispositions sont prises pour rendre gratuit, le raccordement à l’électricité pour les Pme/Pmi de 140 à 160 KVA. De même, des efforts sont consentis pour lever les obstacles liés au foncier dans les initiatives entrepreneuriales notamment la suspension de la perception des droits d’enregistrement de 5% prévus par la loi des finances exercice 2020, sur les mutations foncières au nom des sociétés commerciales et industrielles pour des transactions de valeur inférieure ou égale à 25.000.000 FCFA. Le gouvernement de la Rupture démontre ainsi son engagement à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes et du coup, réduire le taux de chômage au Bénin. Si les autorités béninoises réussissent déjà le pari en balisant le terrain aux créateurs d’entreprises, le plus dur réside pourtant dans la survie des entreprises créées. A
cet effet, toutes les conditions ne semblent pas réunies…
La survie : la grande préoccupation
L’allègement fiscal devrait permettre aux entreprises de survivre, de contribuer à la croissance économique du pays et surtout d’offrir de l’emploi aux désœuvrés ou chômeurs. Si certaines grandes entreprises continuent de tanguer et ploient sous le poids fiscal alors que d’autres ferment les portes avec pour corollaire, des employés mis à porte, il y a bien matière à s’inquiéter quant à la survie des entreprises créées. Certes, une dizaine d’impôts si non quatorze (14) ont été supprimés et des mesures d’allègement prises en faveur des entreprises, mais il est cependant difficile d’attester que l’environnement facilite la survie des entreprises. De la simplification de la procédure de déclaration d’existence au niveau des centres des impôts à la gratuité de l’enregistrement des actes de mutation de biens sans oublier la suppression des visites des sites par les agents des impôts; la réduction du taux d’imposition appliqué aux dividendes; l’harmonisation des échéances de paiement des impôts d’État; allègement des obligations de tenue de comptabilité ; la suppression de l’obligation de représentation des livres comptables manuels; l’amélioration des dispositions de la Tps ; la dématérialisation des procédures foncières, le cadastre en ligne, tout semble mis en place par le gouvernement pour améliorer le climat des affaires au Bénin. Mais dans un contexte où l’accès aux crédits bancaires n’est toujours pas chose possible pour certaines couches de la société, l’on ne peut espérer que les nouvelles entreprises prospèrent au plus vite afin de satisfaire aux exigences fiscales et surtout durer dans le temps. Car, faut-il le souligner, ces entreprises devraient avoir un impact sur la réduction du taux de chômage au Bénin mais le pouvoir d’achat des Béninois reste toujours faible. Encore qu’il faudra déjà s’intéresser au capital de base de ces entreprises créées, évaluées à des milliers et dont on se gargarise presque. Des kiosques de « transfert d’argent Mobile money » qui naissent et qui disparaissent le lendemain. Des boutiques qui portent l’enseigne « établissement » mais quand on y entre, il n’y a que quelques boites de conserve et des pâtes alimentaires disposées dans les rayons. Parfois à la fin du mois, les ventes effectuées n’arrivent même pas à supporter la charge locative. Conséquence, six mois ou 1 an après, la boutique dite ‘’Etablissement’’ ferme.
Aziz BADAROU