Spécial N° 100 du journal satirique: Le Déchaîné Du Jeudi Charles Migan : « Le 100e N° du DDJ marquera l’histoire de la presse écrite béninoise »
A quelques jours de la parution du centième numéro de l’hebdomadaire satirique « Le Déchaîné Du Jeudi », nous avons rencontré son directeur de publication, Charles Migan. Il nous parle ici de cette aventure atypique qui a démarré depuis bientôt deux ans et qui fixe désormais l’attention d’un lectorat particulier mais de plus en plus large et fidèle. Monsieur Charles Migan, une génération de lecteurs de satire vous a connu, il y a une vingtaine d’années, rédacteur en chef du journal satirique « Le Canard du Golfe ». Puis on vous a perdu de vue pour vous retrouver depuis deux ans à la tête du DDJ. La presse satirique est- elle le parent pauvre de la presse béninoise ?
Charles MIGAN : Cela fait déjà autant d’années ?
La presse satirique est un genre particulier qui limite son exercice. Même par temps d’éclosion des journaux, ce style journalistique n’est pas celui qui court les kiosques. Cela est dû au traitement de l’information qui est totalement différent de la presse ordinaire qui reste factuelle pendant que la presse satirique va rechercher un angle de traitement inédit. Il peut être par l’humour, la satire ou la dérision.
Cela vise un lectorat de l’information qui attend autre chose que la simple relation des faits. C’est ce qui fait son exigence et qui en fait une entreprise de presse particulière.
N’était-ce pas un défi osé de vouloir faire une presse satirique dans l’environnement médiatique béninois actuel ?
CM : Tout à fait ! La caractéristique de la presse satirique elle-même déjà est un défi en soi.
Rapporté à un environnement médiatique en peau de chagrin en raison d’un lectorat étriqué et d’une régie publicitaire quasi inexistante, oui, on peut dire que c’est un pari osé. Mais quand on connaît l’intérêt des béninois pour le genre satirique, il y avait une place de choix qui est réservé à un journal qui table sur l’esprit, la dérision, l’humour, et de la subtilité du langage.
Le béninois est un lecteur très fin et curieux. Il recherche le non-dit dans l’information primaire. C’est ce que nous voulions relever avec le Déchaîné du Jeudi. Apporter au lecteur, un autre regard complètement décalé sur l’information.
Vous qui avez été rédacteur en chef du journal satirique défunt Le Canard du golfe, dites-nous la différence entre ce journal précurseur de la presse satirique béninoise et le DDJ.
CM : Je dirai plutôt ce que le Déchaîné du Jeudi a de plus que le défunt Canard du Golfe: une nouvelle forme d’expression.
Je dirai même une démocratisation de la presse humoristique et satirique.
Le Déchaîné du Jeudi n’est pas un journal de style satirique illustré par quelques caricatures.
Le Déchaîné du Jeudi expérimente une forme d’écriture par la caricature. Parfois ce sont les caricatures qui sont soulignées par un texte. La démarche est complètement inédite. A l’époque du Canard du Golfe, on nous faisait le procès d’un journal élitiste.
Aujourd’hui, Le Déchaîné du Jeudi ratisse très large dans son lectorat avec une écriture qui n’est pas que l’amour des belles tournures linguistiques; c’est aussi des coups de crayons qui en disent beaucoup plus que les mots.
C’est ce subtil mélange qui différencie le Déchaîné du Jeudi du précurseur Canard du Golfe du regretté Louis TINGBO.
Comment vit un journal satirique quand on sait sa propension naturelle à tirer sur tout ce qui bouge et n’avoir finalement pour ami que ses propres lecteurs ?
CM : C’est une excellente question et c’est la question de survie.
Déjà le genre que nous pratiquons au Déchaîné du Jeudi ne permet pas de faire du publireportage, qui aujourd’hui, constitue l’essentiel des ressources des journaux traditionnels. Ensuite, le choix satirique nous emmène, comme vous le dites, à tirer sur tout le monde. Bien sûr, à la plume trempée dans l’humour et la dérision. Ce qui nous éloigne d’une démarche de vendeurs d’encarts publicitaires.
Il nous reste donc les lecteurs qui constituent la principale ressource du journal. C’est pourquoi nous tablons sur la conquête d’un lectorat avide d’esprit et d’humour. C’est d’ailleurs en définitive la principale garantie d’un support publicitaire.
En moins de 2 ans, l’audience du DDJ, qui accroît de semaine en semaine, nous permet d’espérer un équilibre budgétaire du coût de production avec la vente des journaux et des abonnements. L’élargissement de notre lectorat avec la disponibilité d’une version électronique du Déchainé du Jeudi nous permet d’atteindre des lecteurs un peu partout, en dehors du Bénin.
Je dois avouer que nous sommes agréablement surpris par l’accueil et l’intérêt portés au journal. Quand bien même nous savions qu’il y avait une attente du genre satirique à combler.
Le DDJ boucle dans quelques jours sa centième parution. On suppose que vous nous réservez des surprises dans cette parution ?
CM: Avec ce N° 100, nous bouclons quasiment 2 ans et 100 semaines de parutions régulières. Dans le paysage et l’environnement médiatique béninois, c’est un exploit dont nous ne boudons pas le plaisir de le partager avec nos lecteurs. Le DDJ est un journal fait avec une interactivité avec les lecteurs dont les observations et les remarques nous confortent.
Dans ce numéro, nous réservons un espace aux témoignages des lecteurs. Mais vous aurez des interventions de personnalités et de célébrités qui nous ont fait l’amitié et l’honneur de nous manifester leur soutien.
Vous y retrouverez également des publications de plumes célèbres de confrères.
C’est un numéro dans lequel vous retrouverez une truculence et une verve de nos caricaturistes extraordinairement déchaînés pour l’événement.
Je voudrais profiter de cette interview pour recommander aux lecteurs de réserver le N° 100 du DDJ qui sera un numéro collector. Il n’y en aura malheureusement pour tout le monde.
Monsieur Migan, répondez-nous sans détour. Qui est derrière le DDJ ? Talon ? Yayi ? Ajavon? Koutché ?
CM : Hahahaha ! Je l’attendais cette insidieuse question. Comme nous sommes dans la franchise, je vais faire la révélation en primeur aux lecteurs de votre journal : Il n’y a ni TALON, ni YAYI, ni AJAVON et ni KOMI derrière le Déchaîné du Jeudi.
Peut-être que chacune de ces personne pense que l’autre est promoteur du Journal. Mais ils pourraient tous contribuer à en faire le plus important journal satirique de l’Afrique.
En même temps qu’ils renforceraient la liberté de presse au Bénin. Le Journal satirique est l’expression la plus parlante de la liberté de presse. C’est une couronne sur la tête des médias béninois
Mais la confidence, c’est un jeune entrepreneur ouvert et audacieux qui est promoteur du DDJ. Sidikou KARIMOU, le patron de Blue Diamond que je voudrais remercier pour avoir cru dans le projet d’un journal satirique au moment où toute la presse se meurt.
Merci aux lecteurs qui nous suivent et qui nous assurent la continuité de cette merveilleuse aventure.
Merci par avance aux annonceurs qui ont, à travers le N° 100, un excellent support publicitaire.