Près du Bénin, petit pays francophone, un géant, le Nigéria retiendra l’attention du monde en quelques mois soit en février 2019. Et pour cause, un débat politique de grande facture aura lieu entre deux barons de la politique nigériane : MuhammaduBuhari et Abubakar Atiku. L’un Président et l’autre Vice-président du pays. Grand moment de l’exception démocratique nigériane, le duel électoral entre les hommes est intéressant en ce que les primaires au PDP ont révélé le phénomène Atiku (1) et met l’APC de Buhari en doute (2)
1. Le Phénomène Atiku
La surprise est venue des primaires. C’est à ce niveau que Atiku a fait montre de sa redoutable machine politique faite d’habileté et de stratégie mobilisatrice. En évinçant « l’imbattable leader » de Président du Sénat, le respecté BukolaSaraki, Atiku a pris l’envol avec 1532 voix sur 317 voix pour son adversaire. Le poids de l’expérience et sa connaissance des rouages de son parti ont été déterminants pour cette victoire éclatante. A 71 ans, Atiku Abubakar va pour la quatrième fois, conquérir le fauteuil de chef suprême du géant nigérian. Après sa première tentative en 1992, parviendra-t-il à satisfaire son désir ultime ? Il travaille pour cette finalité avec son parti. Retenons qu’il est originaire de l’Etat d’Adamaw, dans le nord-est. Il est issu d’une famille nombreuse de vingt enfants. On le montre comme un anti européen radical et un homme d’affaires prospère qui a fait fortune à Lagos et surtout dans la logistique pétrolière. L’argent n’est pas négligeable dans la campagne au Nigéria. Le milliardaire Atiku A. entend faire la démonstration de sa fortune comme on aime bien l’observer dans ce pays.
2. Le doute secoue l’APC
Le parti de Buhari Muhammadu aura à affronter le candidat du PDP. La tâche ne sera pas facile. L’investiture de Atiku comme candidat de l’opposition est prise au sérieux par l’APC. Pour freiner les ardeurs et la montée en puissance de Atiku dans l’opinion, l’APC voudrait concentrer ses efforts sur son bilan de la lutte contre la corruption. FestusKeyamo, l’un des porte-parole de campagne de Muhammadu Buhari utilise l’argument de tout pouvoir en exercice. C’est-à-dire que c’est pour la première fois que le plan anti corruption a marché. Les partisans de Buhari devront démontrer que la chasse n’est pas aux sorcières. La question principale est de savoir comment l’APC pourra déconstruire la ligne de Atiku Abubakar : « créer un environnement propice à l’investissement du secteur privé et faire du Nigéria, le géant où les jeunes sont davantage fiers d’être Nigérians. Il flatte l’égo nationaliste. Une ligne souvent prometteuse dans un pays où les gens se préfèrent. La richesse de Atiku ne manquera de s’inviter dans le débat. On s’interrogera sur la licité de son enrichissement. La réponse est toute trouvée : « l’ancien vice-président rappelle qu’il est l’un des initiateurs de l’EFCC, la Commission chargée d’enquêter sur les crimes économiques. Et il n’a jamais été condamné par la justice ».
Herbert de Saint Tauyé HOUNGNIBO