Les nouveaux tarifs internet sont entrés en vigueur depuis ce mercredi. Ces prix qui remettent en cause certaines promesses de campagne du candidat Patrice Talon, sont dénoncés par les internautes.
Depuis le mercredi 19 septembre 2018, de nouveaux tarifs internet sont imposés aux consommateurs béninois. Les deux grands opérateurs Gsm (Mtn-Bénin et Etisalat-Bénin) qui se partagent pour le moment le marché béninois ont dû se plier aux injonctions du gouvernement. Depuis hier donc, les coûts de l’internet ont connu une augmentation vertigineuse. Les tarifs sont passés du simple au double. Pour le moment, ce sont surtout les forfaits réseaux sociaux et appels qui sont visés. Les prix proposés sont en effet hors de portée. Désormais pour avoir accès aux réseaux sociaux, les internautes doivent débourser une petite fortune. Il faut au moins 1000 F Cfa pour disposer d’une connexion acceptable. Dans les rues, c’est la déception totale. Beaucoup ont dû abandonner leurs téléphones portables, en tout cas les réseaux sociaux, dans la journée d’hier, le premier jour de mise en application de la décision liberticide. L’étudiant Claude Ahossa rencontré à Cotonou n’a pas caché sa déception : « Je pensais que c’était une blague. Malheureusement, c’est la vérité. C’est déplorable pour le Bénin. C’est un vrai recul». « C’est une situation invivable. Au 21ème siècle, alors qu’on prône la démocratisation des technologies de l’information et de la communication, c’est inconcevable que le gouvernement nous inflige une telle sanction. Je pense que certaines petites et moyennes entreprises qui passent leurs annonces sur les réseaux sociaux pourraient aussi être affectées par les nouvelles mesures. Pour moi, c’est un scandale», a laissé entendre Karim Boubacar, enseignant de formation. Plusieurs forums (Whatsapp, Facebook…) de discussions ont été moins animés ce mercredi. Les images et les vidéos ont en effet moins circulé. Le rythme devrait encore baisser dans les prochains jours tant la nouvelle taxation sur les réseaux sociaux est très dissuasive. Beaucoup trouvent que le seul objectif du gouvernement est de contrôler et contenir la communication. Il donne l’impression de couper la majorité des citoyens des sources de l’information afin de pouvoir bien la manipuler. Et pourtant, Patrice Talon avait souligné au cours de la campagne électorale de 2016, l’intention de faire une révolution numérique au Bénin. Il avait annoncé la mise en place de grandes réformes afin d’assainir le secteur, améliorer la qualité des services et réduire les coûts. Aujourd’hui, il fait tout le contraire de sa promesse. En verrouillant l’accès aux réseaux sociaux, quelle crédibilité veut-il qu’on accorde à la révolution numérique promise? Quelle crédibilité peut-on encore accorder au vaste projet Sèmè-City qui devrait tracer la voie à la silicon valley du Bénin? Le gouvernement se rend-il compte de la mauvaise publicité qu’il fait pour le Bénin notamment chez les organisations de défense des libertés? Peut-être pas encore. Mais l’image du Bénin devrait en souffrir. C’est bien un nouveau faux pas qui révélera davantage les dérives de la Rupture, un régime décadent.
Mike MAHOUNA