Par décret n°2018- 341 du 25 juillet, le gouvernement béninois a décidé de l’augmentation des tarifs des forfaits internet. Si pour le secrétaire exécutif de l’Arcep, le gouvernement, s’inquiétant du chiffre d’affaires des opérateurs Gsm, se devait d’agir face à la menace d’effondrement du secteur des télécommunications, il y a bien matière à réfléchir…
« Le risque que courent les opérateurs GSM aujourd’hui s’agissant de leurs chiffres d’affaires par rapport au téléphone classique du fait de l’afflux vers Internet est pratiquement le même que celui que courent les chaînes de télévision et de radio qui voient baisser leurs chiffre d’affaires par rapport aux publicités du fait de la floraison des agences de communication qui opèrent via Internet » a déclaré dimanche sur l’émission “Zone Franche“ de Canal 3, le secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep-Bénin), Coovi Hervé Guèdègbé. Il justifiait ainsi la taxation du coût de la communication Data. Il sera plus précis : « Le décret 341 pris par le gouvernement est la meilleure réponse à la menace d’effondrement qui pèse aujourd’hui sur le secteur des télécommunications ». A bien analyser ces propos de M. Guèdègbé, tout porte à croire que la mesure a été prise dans l’optique de garantir la survie des opérateurs Gsm à travers une amélioration de leurs chiffres d’affaires. Ainsi, par décret n°2018- 341 du 25 juillet, il a été institué une contribution de 5% sur le montant HT des communications (voix, SMS) et 5fcfa par Mégaoctets (Mo) consommé sur les services Over the Top (Facebook, whatsapp, Twitter, Viber, Télégramme…). Mais cela parait bien étonnant quand on tente non seulement de se remémorer l’image servie à l’opinion publique de ces opérateurs Gsm ainsi que le départ de l’opérateur “Glo“ du Bénin. La même stupéfaction quand on se réfère à l’engagement de départ du Chef de l’Etat d’assainir le secteur des télécommunications et de réduire le coût des communications. Et pourtant, rien de cela. Au contraire, on opte pour la revue à la hausse des coûts. Quand on interroge les archives, on se rend à l’évidence qu’il y a quelques mois seulement, le réseau de téléphonie mobile “Glo“ a été contraint de tourner dos au Bénin, laissant ses abonnés aux mains d’un autre opérateur Gsm “Moov“. L’Autorité de Régulation des Communications Electronique et de la Poste (Arcep), dans sa décision n’2017-274/ARCEP/PT/SE/DR/DRI/DFC/DAJRC/GU, en date du 18 décembre 2017, a décidé du retrait de la Licence du réseau mobile Glo suite à l’échec des négociations entre les deux parties sur les nouvelles conditions du renouvellement de la Licence. Où était alors le gouvernement pour n’avoir pas pus’inquiéter du chiffre d’affaires de cette entreprise qui avait finalement vendu aux enchères, ses matériels roulants et autres ? De plus, pendant de longs mois, des opérateurs des réseaux Gsm ont essuyé de vives critiques quant à la qualité et le coût de leurs services. Ils ont été présentés à l’opinion comme des ‘’voleurs’’ de crédits et de forfaits des abonnés. Que ce soit l’Arcep ou le gouvernement, nul n’a fait de cadeaux à ces derniers. Ils avaient alors été sommés de réduire dans un bref délai, les coûts de leurs services et d’améliorer leur qualité au risque de subir des pénalités.Ici, une interrogation mérite bien d’être posée. Si les opérateurs ont été contraints à la réduction du coût de leurs services, à quoi assiste-t-on aujourd’hui avec la taxation du coût de la communication Data ? La vérité n’a visiblement pas encore été dite dans ce dossier, objet de polémique. De ce fait, il importe de se demander depuis quand le gouvernement a-t-il perçu la nécessité de se soucier de la bonne santé financière des opérateurs Gsm et des fournisseurs d’accès internet ?
Dans cet amalgame qu’on entretient côté gouvernement, on s’aperçoit de plus en plus que la réelle motivation, ce sont les critiques contre le pouvoir que l’on ne digère pas du tout. Et pour le gouvernement, le remède, est qui s’obstine à manger de l’omelette doit accepter casser des œufs et payer cher le prix. Une façon de limiter les critiuqes contre le pouvoir pour défaut de moyens pour pouvoir activer son forfait internet.
Aziz BADAROU