La fréquence des attaques terroristes en Afrique de l’Ouest installe, du jour au lendemain, une atmosphère de phobie et d’inquiétude généralisée. Le Bénin, un pays de paix toujours cité en exemple, intègre la liste des zones fortement troublées de l’Afrique de l’Ouest.

La situation est si dangereuse que Kars de Bruijne, chercheur spécialisé sur les conflits au sein de l’institut néerlandais des relations internationales Clingendael atteste le constat selon lequel « Depuis décembre 2021, le Bénin subit un nombre croissant d’attaques liées à des groupes extrémistes… Nous en avons recensé 43 entre décembre 2021 et septembre 2022. Ces groupes exploitent les tensions locales et promettent de résoudre les problèmes liés à l’accès aux ressources naturelles. »

L’ONU, l’OUA ou l’UA, la CEDEAO, le G5-Sahel sont entre autres institutions ayant mis les défis de lutte contre le terrorisme au premier plan dans les pays de la sous-région. Mais jusque-là, les tentatives de lutte contre le terrorisme sont surtout militaires. Par ailleurs, il y a des défis stratégiques et managériaux qui pourront permettre d’asseoir les bases d’une stabilité au plan national.

Généralités sur les luttes antiterroristes en Afrique de l’Ouest et précisément au Bénin

L’Afrique de l’Ouest est une région de la terre qui couvre presque toute la partie occidentale de l’Afrique subsaharienne. Ces composantes vont des pays côtiers du nord du Golfe de Guinée jusqu’au fleuve Sénégal ; des pays qui sont couverts par le bassin du fleuve Niger, de même que les pays de l’arrière-pays sahélien. Cette partie de l’Afrique a pratiquement une histoire commune de colonisation et de manipulation politique. Ayant quitté le simple regroupement d’Etats nouvellement souverain, l’Afrique de l’Ouest passe à une communauté en permanente reconstitution politique. Ceci passe par l’entreprise de la CEDEAO, Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui représente l’une des grandes puissances au monde. Cette Communauté fut créée dans le but de favoriser une certaine union économique et monétaire dans la zone ouest-africaine. Dans les années 1990, les charges de la communauté s’étendent vers le maintien de la stabilité régionale à travers l’ECOMOG. L’ECOMOG, qui est un groupe militaire régional d’intervention devenu permanent en 1999, finit par détenir une force de pression non moins négligeable. Dans une logique géopolitique, la zone ouest africaine représente un territoire stratégique d’enjeux économiques pour les Etats occidentaux. « Le Sahel occidental et l’Afrique de l’Ouest constituent des zones stratégiques pour des positionnements géopolitiques entre les grandes puissances occidentales, zones d’accès à l’Afrique centrale et du Nord, mais aussi en raison de leurs nombreuses ressources naturelles. »  .

En effet, le positionnement des Etats ouest-africains et leurs sols riches en ressources naturelles activent une convoitise aux yeux des grandes puissances qui cherchent à s’allier par des accords pour avoir leurs parts dans l’exploitation et dans l’industrialisation des ressources. Une autre géopolitique du terrorisme et de l’extrémisme violent est d’installer le contexte d’affrontement pour pouvoir faire couler le marché de l’artillerie qui, en plus d’être fabriquée avec les ressources africaines, est revendue en hausse avec des chants d’aide à la lutte antiterroriste.

Aussi, les gouvernements en temps d’attaque terroriste sont-ils contraints de vendre leurs richesses à vil prix pour pouvoir s’approvisionner en armements, le besoin du moment. Le terrorisme quoi que mal est le prétexte valable des occidentaux pour renforcer leur présence militaire et accroître le rythme du pillage des biens dans les nations africaines.  Depuis des années, la stabilité des pays de l’espace CEDEAO est menacée d’abord par des transitions démocratiques très difficiles comme c’est le cas en 2009 en Guinée et en 2010 en Côte d’Ivoire ; et deux ans plus tard (2012) par des intrusions de groupes d’extrémistes violents au Mali (Boko Haram). Ces évènements face aux efforts de croissance et de développement des nations ouest-africaines constituent la plus grande menace en face de laquelle les Etats se retrouvent. Un essai édité en 2013 par Lugan dont le titre est : Les guerres d’Afrique, des origines à nos jours, rapporte que 70% des décisions prises à l’ONU et 45% des séances du Conseil de sécurité des Nations Unies sont principalement consacrées aux conflits en Afrique.

A partir des années 2015-2016, jusqu’à nos jours, la récurrence des attaques terroristes et des coups d’Etat fait de l’Afrique, le théâtre du monde entier. En tuant le président Kadhafi, avec l’élan de la création de l’union africaine et la création de la monnaie africaine par l’entreprise néocoloniale du gouvernement français, le sahel s’offrait en proie au djihadisme. Les attaques extremistes dans le Burkina-Faso et le Niger, pays voisins au Bénin, vont faciliter les descentes dans le nord-est et le nord-ouest du pays. Dès lors, le Bénin, pays de paix autrefois hors des défis du terrorisme, se trouve impliquer. En mai 2019, le Bénin connaît, suite à sa crise démocratique d’une part et à la mort du guide du parc naturel de la Pendjari puis à l’enlèvement de deux touristes français d’autre part. La survenance consécutive de ces faits était un coup dur politiquement orchestré par le gouvernement du président Patrice Talon, engagé dans la dynamique d’un « Bénin révélé ». Face à la recrudescence des enjeux terroristes au Bénin, il urge de penser mieux que les mesures militaires, des options philosophiques, stratégiques et managériales.

Résultats : Défis stratégiques et managériaux de lutte antiterroriste au Bénin

Les mesures apportées dans cette analyse ne sont pas militaires comme peuvent proposer d’autres. Répondre à l’invasion terroriste par la force militaire est la chose la mieux partagée. Par ailleurs, il y a des mesures pacifiques de lutte contre le terrorisme. L’analyse a permis de proposer des approches adaptées. De façon primordiale, il faut offrir à la jeunesse la chance de travailler au risque de renforcer son attrait et son adhésion aux offres terroristes ; promouvoir les projets institutionnels comme le projet Trace , le projet Segbolissa, … ; Promouvoir la décentralisation et une bonne gouvernance au sein du pays. Aussi, faut-il travailler idéologiquement la jeunesse sur le patriotisme et l’appropriation des terres en tant que Béninois. Le Béninois ne peut-il pas se définir par sa terre ? On aura défini une bonne politique de gestion des terres et des territoires transfrontaliers.

Ainsi de façon managériale, il faut : Reconnaître la minorité migrante et procéder à leur intégration ou à leur sédentarisation ; Normaliser les territoires transfrontaliers ; Mener une bonne politique de gestion des terres ; Redéfinir les contours du terrorisme au Bénin ; Approcher idéologiquement et philosophiquement les implications du fait terroriste, et de façon stratégique, Structurer les mesures de luttes contre le terrorisme ; Promouvoir les projets institutionnels et étendre leur couverture sur les zones sensibles ; Donner de l’emploi aux jeunes exposés aux enjeux terroristes ; Promouvoir les projets institutionnels et étendre leur couverture sur les zones sensibles ; Promouvoir la décentralisation ; Coproduire la sécurité entre les habitants (chefs quartiers et autres notables) et les forces armées.

Edison COHOUN

Doctorant et Science de Gestion

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